Anti-oxydants et ASA en Prévention Primaire de la maladie coronarienne


Deux études prospectives d'observation, composées de plus de 120,000 hommes et femmes, sans coronaropathie, ont démontré qu'un apport quotidien de 1 00 U.1 de vitamine E pendant deux ans était associé à une baisse de 35 % du risque de développer un évènement coronarien. La vitamine C n'a rien modifié tandis que le supplément en B-carotène a été inversement associé au risque de maladie coronarienne chez l'homme fumeur ou ex-fumeur. Ces études suggèrent une association, mais ne prouvent pas une relation de cause à effet.

Considérant l'ensemble des données, il n'est pas encore recommandé à ce j our de supplémenter l'apport vitaminique à des doses anti-oxydantes. Les preuves des bénéfices demeurent insuffisantes, de plus les effets secondaires à plus long terme de doses supra-physiologiques ne sont pas connus. En attente des résultats des études en cours, l'ensemble des données renforce les recommandations d'une diète riche et variée en fruits et légumes.

L'aspirine en prévention primaire a été evaluée dans plusieurs études. Chez 22,071 médecins, sans antécédent vasculaire, du "Physicians' Health Study", étude randomisée à double insue contrôlée avec placébo, l'utilisation de 325 mg d'ASA aux deux jours sur 4 ans a réduit de 44% (139 vs 239) le taux d'infarctus et ce, de façon significative. Ce sont chez les hommes de plus de 50 ans que cette réduction s'est le plus manifestée. La mortalité totale et la mortalité cardio-vasculaire n'étaient pas modifiées. Le nombre total d'évènements cérébrovasculaires ainsi que les saignements étaient légèrement plus élevés sous ASA. En ce qui a trait à la femme, dans une étude d'observation sur 6 ans chez 87,678 infirmières, l'utilisation d'ASA a été associée à une réduction de 30% du risque d'infarctus dans le groupe de plus de 50 ans. L'étude randomisée "Womens Health Study" est actuellement en cours.

Il est donc recommandé de considérer l'aspirine (160-325 mg) en prévention primaire chez les hommes et les femmes, agés de plus de 50 ans ayant au moins un facteur de risque pour la maladie coronarienne et n'ayant pas de contre-indication.

Ces prophylaxies ne demeurent néanmoins qu'adjuvantes et ne remplacent pas l'effort du contrôle des facteurs de risque majeurs de la maladie coronarienne.

Références

1- Steinberg D, Antioxidant vitamins and coronary heart disease.N Engl J Med 1993; 328:1487-9

2- Oliver M, Antioxidant nutrients, atherosclerosis, and coronary heart disease. Br Heart J 1995; 73(4): 299-301

3- Caims J, Antithrombotic Therapy in Coronary Heart Diseas, in Fourth ACCP Consensus Conference on Antithrombotic Therapy. Chest 1995; 108 (suppl): 38OS-400S

Jacques Lapointe, MD

Cardiologue


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