La majorité des pharyngites aigües sont virales. Parmi les étiologies bactériennes, c'est le streptocoque B-hémolytique du groupe A qui est clairement reconnu comme le pathogène le plus fréquemment en cause dans la pharyngite aigüe. La pathogénicité des streptocoques non A (i. e. ceux appartenant aux groupes B, C, D ou G) dans la pharyngite est controversée. Seuls les streptocoques du groupe C et G ont été associés à des pharyngites aigües. Il s'agissait à chaque occasion d'épidémies de pharyngites dans des populations d'étudiants ou de militaires. A toutes fins pratiques ces deux types de streptocoques sont donc rarement impliqués dans la pharyngite aigüe endémique. Il est important de se rappeler que ces streptocoques peuvent coexister dans le pharynx avec des virus respiratoires sans être nécessairement les pathogènes primaires. Tous les streptocoques sont sensibles à la pénicilline et, selon les connaissances actuelles, seuls les streptocoques B-hémolytiques du groupe A sont capables de causer les complications rhumatismales et glomérulaires.
Plusieurs études ont démontré qu'il était impossible de prédire de façon sécuritaire l'étiologie d'une pharyngite aigüe sur la base seulement de signes cliniques qui justifieraient la prescription de pénicilline. Les chances d'erreur sont de l'ordre de 50%. Seuls les épreuves de laboratoire permettent de diagnostiquer la pharyngite streptococcique. Il existe 2 catégories d'épreuves de laboratoire. La culture conventionnelle qui consiste à faire pousser la bactéries sur milieu de culture, et les épreuves rapides d'identification qui détectent directement à partir d'un écouvillonage pharyngé l'antigène A du streptocoque. La culture nécessite généralement entre 18 à 24 hres d'incubation alors que la détection d'antigène à partir d'un écouvillon prend de 10 à 20 minutes. La culture est l'épreuve diagnostique la plus sensible pour confirmer avec certitude l'étiologie et demeure l'épreuve privilégiée. La sensibilité des épreuves de diagnostiques rapides varie, selon les études, de 60% à 90%. C'est donc dire qu'il y a avec cette épreuve une proportion non négligeable de faux négatifs. Les importantes variations entre les résultats d'une étude à l'autre sont entre autres imputables à la qualité des écouvillonnages, à l'expertise des manipulateurs et au principe détecteur utilisé dans les différentes trousses. Dans des situations particulières (e.g. difficulté d'accès aux services diagnostiques) ces épreuves rapides de détection peuvent être d'une grande utilité. Si l'on choisit d'y recourir il est primordial de bien se renseigner sur les performances et les caractéristiques d'utilisation des différentes trousses disponibles afin d'opter pour la trousse la plus susceptible de répondre adéquatement à ses besoins. Dans un deuxième temps, il importe de bien former le manipulateur éventuel de la trousse retenue, en prévoyant un entraînement avec du personnel de laboratoire qui est déjà bien familier avec ce genre d'épreuves. Il est aussi important de maintenir, de concert avec un laboratoire diagnostique, un programme de contrôle de qualité.Enfin il faut se rappeler que toute épreuve de diagnostique rapide négative doit être contrôlée par une culture afin d'éliminer les faux négatifs.
Michel Laverdière, m.d.
Microbiologiste-Infectiologue
Hôpital Maisonneuve-Rosemont