Avant de formuler des conseils, il serait important de faire une bonne histoire tabagique à savoir:
1 Quelle est l'intensité de la motivation de cette patiente à cesser de fumer?
2 Quel est son niveau de dépendance biologique à la nicotine?
L'actuelle formulation de la question présuppose un bon degré de motivation et c'est souvent le cas lors d'une grossesse puisque la grossesse représente un excellent incitatif à cesser de fumer, même si l'on sait qu'environ seulement le tiers des fumeuses enceintes cesseront de fumer. Dans ce cas-ci, est-ce une première grossesse? Sinon, quelles furent les difficultés et l'attitude adoptée au cours de la ou des grossesses antérieures?
Dans le cas d'une patiente qui présenterait peu de motivation, qui n'a jamais cessé de fumer dans le passé et ne la même jamais envisagé, les chances de succès sont minimes. Pour une telle personne, il faudrait davantage tabler sur les connaissances à savoir:
Les effets néfastes du tabagisme sur le foetus et au moment de l'accouchement: comme la diminution du poids du bébé, les complications à l'accouchement, la prématurité, le risque accru de mortalité foetale ou infantile, etc ...
Si la motivation est forte et qu'il y a déjà eu des efforts dans le passé pour cesser de fumer, il faut alors encourager et motiver la patiente puisqu'elle est probablement déjà très au courant des effets néfastes du tabagisme sur le foetus et l'accouchement. Il faudra l'aider à choisir une date pour cesser de fumer, identifier les circonstances qui l'incitent à fumer de façon à les éviter et travailler sur les changements de comportements. Cette approche nécessitera vraisemblablement des rencontres (consultations) plus fréquentes que prévues habituellement, car la personne doit apprendre à se voir comme une non-fumeuse et à vivre sans cet ami toujours présent.
On reproche souvent aux médecins leur attitude trop autoritaire et trop paternaliste dans ce domaine.
Deuxièmement, si cette patiente présente une forte dépendance à la nicotine à savoir qu'elle fume dans les 30 minutes qui suivent son réveil, qu'elle a de la difficulté à s'abstenir de fumer dans les endroits où c'est défendu, qu'elle fume et inhale son paquet de cigarettes parjour ou davantage ou encore qu'elle fume des cigarettes à forte teneur en nicotine, il est probable qu'elle présente une assez forte dépendance à la nicotine et que l'abandon du tabac sera susceptible de créer un syndrome de sevrage. Malheureusement, en période de grossesse, les thérapies de remplacement de nicotine ne sont pas indiquées. Si le sevrage est trop pénible et si, de par ses expériences antérieures, elle sait que l'abandon du tabagisme créera un syndrome de sevrage, il serait préférable à ce moment-là de lui suggérer tout au moins, de diminuer sa consommation quotidienne de tabac.
Elle pourrait toujours s'inscrire à des thérapies de groupe ou rechercher le support d'un psychothérapeute.
La grossesse est une excellente occasion pour cesser de fumer, malheureusement trop de femmes ne le font que pour le foetus et pour une grossesse et un accouchement avec le moins de complications possibles. Un peu comme les gens qui autrefois ne cessaient de fumer que durant la période du carême, pour recommencer à Pâques. Il est bon de souligner que l'enfant qui va naître aura également besoin d'une mère non-fumeuse, pour une meilleure santé.
Et pourquoi ne pas en profiter pour cesser de fumer de façon définitive compte tenu des bénéfices personnels à court et à long terme. Certains organismes comme le Conseil Canadien sur le Tabac et la Santé distribuent de bonnes brochures sur le sujet.
Can Med Assoc J. Jan. 15, 1995; 152 (2).