Tout d'abord la maladie d'Alzheïmer est de loin le syndrome démentiel le plus fréquent du 3e âge. Mais elle demeure tout de même rarissime sous l'âge de 60 ans: sa prévalence se situe à <.Ol % pour le groupe d'âge entre 50 et 60 ans. Vos patients peuvent dont être rassurés, s'ils font partie de ce groupe d'âge.
D'autre part, les oublis légers et sans répercussions sur la vie de tous les jours ne constituent pas une maladie d'Alzheïmer : il faut que ces oublis soient confirmés par le conjoint, qu'ils se répètent de facon régulière, qu'ils interfèrent avec la vie sociale et/ou professionnelle, et qu'en plus au moins une autre des fonctions mentales supérieures en soit atteinte; le tout demeurant progressif sans amélioration sur plus d'une année.
Dans l'état actuel des connaissances il est impossible de prévenir cette maladie. Il n'existe actuellement sur le marché (ou au laboratoire) aucun remède miracle qui puisse "redonner" la mémoire ou prévenir que celle-ci ne se désintègre. Des recherches récentes laissent cependant entrevoir de l'espoir : les marquages des facteurs de risque à l'étage chromosomique sont maintenant bien connus et permettront prochainement d'identifier les substances synthétisées par ces gènes et d'intervenir directement sur les causes de la maladie.
Entre-temps, il faut se consoler de cette trouvaille épidémiologique de l'étude canadienne de la prévalence des syndromes démentiels du troisième âge, qui constatait que ceux-ci sont beaucoup moins fréquents dans les groupes d'individus à forte scolarité. De là l'idée que lire et "se servir de sa tête" d'une manière générale ne peut certainement pas nuire!
Alain Robillard, M.D.
Neurologue