Allocution prononcée par Carol Couture lors de la cérémonie de remise des Prix du Québec à la Salle du Conseil législatif de l'Assemblée nationale du Québec le 20 novembre 2001




Madame la ministre de la culture et des communications
Monsieur le ministre délégué de la recherche, de la science et de la technologie
Monsieur le Vice-président de l'Assemblée nationale
Chers collègues lauréats des Prix du Québec
Chers membres de ma famille
Chers collègues et amis
Mesdames et messieurs.


TOUCHÉ EN PLEIN CŒUR. Voilà ce que j'ai ressenti quand j'ai appris qu'on m'attribuait le Prix Gérard-Morisset. Je pensai d'abord qu'il y avait eu erreur sur la personne. L'archiviste imagine l'inversion de dossier, l'erreur de nom, de transcription et quoi encore… Pourtant, il s'agissait bien de moi. J'accepte donc avec émotion cette distinction. Et je veux y voir une puissante reconnaissance de la discipline archivistique et de la profession d'archiviste.

Cette profession méconnue s'est profondément transformée au cours des 30 dernières années. L'archiviste la pratique quand il participe, à améliorer l'efficacité de nos administrations en intervenant en amont de la constitution du patrimoine documentaire. Il la pratique aussi en documentant les recherches de celles et ceux de toutes disciplines qui ont besoin de savoir ce qui a été hier pour mieux asseoir dans le présent ce qui sera dans le futur. Il ne s'agit plus tant de sauver le patrimoine documentaire que de le constituer et le gérer dès l'instant où il se crée. L'archiviste contemporain a délaissé cette archivistique de survie, qui le cantonnait à sauver les meubles en situation d'urgence. Il se réclame maintenant d'une archivistique d'intervention, définitivement branchée sur le fonctionnement quotidien de l'administration et de la société. Qu'il suffise de Penser au rôle essentiel que joue l'archiviste dans la gestion des archives électroniques pour s'en convaincre.

Qu'on se le dise, les archivistes oeuvrent dans le présent pour le futur. Ils interviennent sur un matériel de gestion et de recherche - les archives - qui s'intègre au patrimoine culturel québécois. Nous en voulons pour preuve le rapport Arpin intitulé Notre patrimoine. Un présent du passé qui voit les archives comme une composante fondamentale de ce patrimoine. Une société qui se refuse des archives bien constituées décide de vivre les tourments d'une information diluvienne, désordonnée et inutilisable. Elle choisit l'amnésie, l'errement sans mémoire. Elle se condamne à tourner en rond, à répéter ses erreurs et à oublier ses bons coups. Et cela n'est certainement pas le cas du Québec, pays du « Je-me souviens », qui accorde aujourd'hui une reconnaissance toute particulière à ses archivistes.

Je remercie donc :

  1. Les membres du jury qui m'ont accordé ce prix.
  2. L'Association des archivistes du Québec qui a présenté le dossier, en particulier, monsieur James Lambert, maître d'œuvre de l'opération.
  3. Mon institution, l'Université de Montréal, pour son soutien constant et sans faille.
  4. Et enfin, les membres de ma famille qui ont accepté un conjoint, un père ou un frère moins présent, trop souvent pris par son travail.

Merci à tous et longue vie aux Prix du Québec.

Carol Couture
Le 20 novembre 2001




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Dernière mise à jour : 16 janvier 2002