Désordre et transition |
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Claude Viau, Département de santé environnementale et santé au travail, Université de Montréal, C.P. 6128, succursale Centre-Ville, Montréal (QC) Canada, H3C 3J7, Publié dans Travail et santé 28(2) : 21, 2012 |
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Fin avril 2012. L’actualité est riche en événements marquants, parfois troubles, qui semblent annoncer un tournant au Québec. Elle m’inspire un tour d’horizon partiel, une sorte de prise de pouls de l’environnement social et politique.
L’incontournable contestation étudiante
Premier arrêt du regard sur les perturbations étudiantes qui font rage autour du rehaussement des droits de scolarité au Québec. Alain-G. Gagnon, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes de l’UQAM, a qualifié cette période de « plus grave crise politique depuis les événements d’octobre 1970 » dans Le Devoir du 24 avril 2012. Gratuité, accessibilité, comptabilité biaisée des uns et des autres sur la nécessité des augmentations ou sur les avantages que la société et l’économie nationale retireraient de la gratuité, questions sur la gestion de fonds publics par les gestionnaires des universités.
Toujours libre, la recherche?
Une autre image, celle de la réduction du financement de la recherche par le gouvernement fédéral. Des réductions budgétaires totalisant 37 M$ aux Conseils de recherche. Certains se consolent du fait que ces sommes sont réinvesties dans des programmes de partenariat universités-entreprises. Quel en sera l’impact sur la libre pensée des chercheurs et sur le choix des thèmes de recherche de cette initiative d’un gouvernement guidé par l’idéologie plus que par la science ?
Ras-le-bol face à la corruption
Puis, un flash. La mise en évidence de cas toujours plus nombreux de corruption dans l’utilisation de fonds publics notamment dans le domaine de la construction. Le ras-le-bol croissant de la population devant toutes ces histoires de copinage.
Tous et tout au Nord!
Un tableau qui attire aussi le regard. Le fameux Plan Nord du gouvernement du Québec : le nouveau leitmotiv, le nouveau credo. Tout le monde veut son morceau du Plan Nord et s’ingénie à se trouver une pertinence à y participer. Est-ce en imaginant par diverses pirouettes des projets de recherche touchant le développement du Nord québécois que nous allons vraiment faire progresser la recherche dans tous les domaines, y compris celle qui se veut au bénéfice de la santé publique?
Et la SST dans tout ça?
Rapprochons-nous maintenant de la SST. Un projet de loi à débattre portant sur la révision du régime de santé et de sécurité du travail. La prise de retraite d’une large partie de la « cohorte née de la création de la CSST en 1980 ». D’une part, la perte d’une expertise forgée au cours des 30 dernières années, mais aussi l’opportunité de jeter un regard renouvelé sur les enjeux SST, autant du côté de la recherche que de celle de la prévention sur le terrain.
Appel à la relève
Quel lien entre tout ça? Simplement le constat que notre société change, souvent progressivement, sans qu’on en soit toujours conscients, mais parfois aussi par soubresauts, comme dans la période de transition actuelle. Que se lève la relève et qu’elle propose une vision SST aussi emballante que celle d’il y a 30 ans. Il faut lui faire confiance, il en va de la santé et de la sécurité de toute la force de travail de notre société.