> C'est quoi un AGENT INTELLIGENT, et quels sont les caractéristiques
> pour qu'il soit INTELLIGENT, et est-ce qu'on abuse pas trop du terme
> INTELLIGENCE ou INTELLIGENT, dont jusqu'a présent c'est encore
un
> mythe, comme caractéristiques d'un logiciel, si on peut dire,
paramétrable ?
Ma position sur ce point est restée la même depuis 1997
(date à
laquelle j'ai écris "Intelligence Stratégique sur Internet"
pour
Dunod). D'ailleurs, le passage qui suit (et qui j'espère répondra
au moins en partie à vos interrogations) est resté presque
inchangé dans la deuxième édition du livre qui devrait
sortir en mars/avril 2000:
"Qu'est ce qu'un agent intelligent? Cette question apparemment anodine suscite de nombreuses polémiques sur et en dehors Internet. En simplifiant au maximum, d'un côté nous retrouvons ceux qui considèrent les agents intelligents quasiment comme des êtres humains, de l'autre ceux qui les assimilent à de simples logiciels.
Ainsi, Jacques Ferber fournit la définition suivante:
On appelle agent une entité physique ou virtuelle:
a) qui est capable d'agir dans un environnement,
b) qui peut communiquer directement avec
d'autres agents,
c) qui est mue par un ensemble de tendances
(...),
d) qui possède des ressources
propres,
e) qui est capable de percevoir (mais
de manière limitée) son environnement,
f) qui ne dispose que d'une représentation
partielle de cet environnement (et éventuellement aucune),
g) qui possède des compétences
et offre des services,
h) qui peut éventuellement se
reproduire,
i) dont le comportement tend à
satisfaire ses objectifs, en tenant compte des ressources et des compétences
dont elle dispose, et en fonction de sa perception, de ses représentations
et des communications qu'elle reçoit. "
A l'opposé, nombreux sont ceux qui considèrent un agent comme une "entité autorisée à agir au nom de quelqu'un d'autre ". Une telle définition met sur le même plan un agent intelligent, un agent de police, un agent de sécurité ou un agent commercial.... En conséquent, la distinction entre agent intelligent et simple logiciel demeure très floue.
Malgré ses limites, cette vision constitue un bon point de départ pour une définition qui soit suffisamment réaliste sans être trop réductrice.
On peut ainsi affirmer qu'un agent intelligent est une entité logicielle qui possède des attributs propres et qui agit dans le but d'accomplir un certain nombre de tâches au nom d'une autre entité (un autre agent ou une personne).
Le problème est maintenant de définir quels sont les attributs propres à un agent et sur ce point, les polémiques se font féroces.... O. Etzioni et D. Weld ont essayé d'identifier les principaux attributs censés le caractériser :
- Autonomie: un agent est capable de prendre des initiatives de manière
autonome et exerce un contrôle sur ses actions. En d'autres termes,
il s'agit de la capacité d'auto-définition de ses propres
objectifs et d'auto-exécution sans contrôle humain.
- Capacité de collaboration: un agent est capable d'interagir
et de coopérer avec d'autres agents ou avec des êtres humains
afin d'accomplir ses tâches.
- Capacité d'apprentissage: l'agent est capable de s'adapter
aux besoins de son utilisateur en analysant ses actions passées.
- " Goal-oriented ": un agent accepte des "requêtes humaines"
précises et décide de quelle manière les satisfaire.
- Flexibilité: les actions d'un agent ne sont pas entièrement
préétablies et définies; il est en effet capable de
choisir ce qu'il va entreprendre et dans quel ordre en fonction de l'environnement
externe.
- " Self-starting " : contrairement aux logiciels traditionnels, toujours
selon l'environnement externe, un agent peut décider du moment précis
pour entamer une action.
- Caractère propre: un agent possède une personnalité
bien définie et un "état émotionnel" propre.
- Mobilité: un agent est capable de se déplacer d'une
machine à une autre et au travers de différentes architectures
et plate-formes...etc.
Mais à partir de quel moment, peut-on parler d'agent intelligent? Faut-il qu'il possède tout ou partie de ces attributs ?
Le débat est interminable, peut-être insoluble et sûrement sans grand intérêt pour l'utilisateur final. Beaucoup de sociétés, pour d'évidentes raisons de marketing, profitent de ce flou terminologique pour qualifier leur logiciel d'agent intelligent. Ce qui est clair, c'est qu'à cette date sur Internet aucun agent dit " intelligent ", ne possède l'ensemble de ces attributs. En conséquence, définir un agent comme " intelligent " relève de l'oxymore. Entre les principes théoriques propres à l'intelligence artificielle et la réalité concrète que l'on observe sur Internet, l'écart est parfois impressionnant.
Cela dit, comme le fait remarquer Pierre-Alain Le Cheviller, "ces agents,
s'ils n'obéissent pas aux mêmes technologies [de l'intelligence
artificielle], ont les mêmes objectifs et peuvent être des
outils très utiles pour les professionnels de l'information ".
Pour cette raison, au lieu de parler d'agents intelligents au sens
large, il est sans doute préférable de parler d'agents électroniques
ou plutôt de faire références aux tâches que
ces assistants sont censés accomplir : nous nous occuperons ainsi
d'agents de recherche, d'agents de veille, d'agents de commerce...etc.
Cordialement
Carlo Revelli
CYBION
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