I - LA FORMATION PROFESSIONNELLE INITIALE EN ARCHIVISTIQUE (suite)

CHAPITRE 2 - RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE

1. CARACTÉRISTIQUES DES UNITÉS DE FORMATION QUI ONT RÉPONDU À L'ENQUÊTE

L'ensemble des caractéristiques qui définissent les unités de formation rejointes par notre enquête se regroupe en trois sous-ensembles. Le premier sous-ensemble s'appuie sur les données géographiques et historiques et renseigne sur la répartition des institutions participantes par pays, les langues d'enseignement utilisées et sur l'ancienneté relative des unités de formation et des programmes. Le deuxième sous-ensemble traite plus spécifiquement des programmes: nombre de programmes par unité de formation, niveau, durée et objectifs professionnels des programmes. Enfin, le troisième sous-ensemble concerne la clientèle des programmes qu'il considère en termes d'importance numérique, de moyens de promotion développés à son intention et de l'existence d'une association étudiante.

1.1 Données géographiques et historiques

Sur le plan géographique, les 67 institutions qui ont répondu à notre enquête sont implantées dans 29 pays différents (voir annexe 1). Tous les continents sont représentés bien que dans des proportions inégales. La répartition par pays des institutions se définit comme suit:

Tableau 4 La répartition par pays des institutions (n=67 institutions)
Nombre d'institutions dans le pays Nombre de pays Nombre d'institutions
Une seule institution 18 18
Deux à quatre institutions 7 20
Cinq à dix institutions 4 29
Total 29 67

Plus de la moitié des pays ont donc fourni un seul répondant à notre enquête alors qu'un quart de l'ensemble compte de deux à quatre institutions participantes. Font exception quatre pays avec un nombre d'institutions plus élevé soit les États-Unis (n=10), l'Italie (n=8), la France (n=6) et le Royaume-Uni (n=5).

Sur le plan linguistique, les 67 institutions dispensent leur enseignement dans une vingtaine de langues différentes. À quelques exceptions près, celles-ci offrent une formation dans une seule langue.

Tableau 5 Langue d'enseignement des institutions (n=67 institutions)
Langue d'enseignement Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Anglais (unilingue) 21 31%
Français (unilingue) 9 13%
Italien 8 12%
Espagnol 4 6%
Polonais 3 5%
Portugais 3 5%
Autre langue (unilingue) 12 18%
Multilingue 7 10%
Total 67 100%

Les institutions unilingues anglaises sont de loin les plus nombreuses (31%) et seulement six langues, au total, sont utilisées par trois institutions ou plus. Neuf autres langues, dont l'allemand, le bulgare et le chinois, sont employées dans une ou deux institutions. Enfin, on compte quelques écoles bilingues combinant l'anglais ou le français avec une autre langue (ex. : turc, arabe) ou encore deux langues nationales (ex : suédois et finlandais).

Sur le plan historique, il faut établir une distinction entre la date de création des unités de formation en archivistique et celle des programmes de formation.

Tableau 6 Année de création de l'unité de formation en archivistique et année de création des programmes (n=67 institutions; n=109 programmes)
Année de création Nombre d'unités de formation Pourcentage des unités de formation Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Avant 1900 8 12% 2 2%
Entre 1900 et 1949 9 13% 5 5%
Entre 1950 et 1959 7 11% 10 9%
Entre 1960 et 1969 6 9% 5 5%
Entre 1970 et 1979 14 21% 17 15%
Entre 1980 et 1989 13 19% 24 22%
Entre 1990 et 1998 6 9% 36 33%
Non précisé 4 6% 10 9%
Total 67 100% 109 100%

Les unités de formation présentent un éventail de dates de création plus étendu que les programmes. L'instauration de certaines d'entre elles remonte aux XVIIIe et XIXe siècles, telles le département des sciences auxiliaires et archivistique de l'université Karlova (Prague, 1784), la Bavarian Archives School (Munich, 1821) et les écoles d'archivistique, de paléographie et de diplomatique de Milan (1842), Palerme (1874) et Rome (1878). Mais, c'est entre 1970 et 1990 qu'on assiste à une véritable floraison de nouveaux départements ou écoles d'archivistique. Bien qu'incomplète au moment de l'enquête, la décennie 1990 semble marquer un temps d'arrêt dans l'implantation de nouvelles unités de formation. En revanche, cette période poursuit en accéléré l'augmentation du nombre de programme amorcée au début des années 1970. Les " vieux " programmes sont réaménagés et, comme nous le verrons ultérieurement, certaines institutions diversifient leur enseignement par l'implantation de programmes multiples.

1.2 Données sur les programmes

Nous fournissons maintenant quelques données de base sur les 109 programmes offerts par les 67 institutions qui ont répondu à notre enquête. Voyons d'abord quelle est leur répartition par institution.

Tableau 7 Nombre de programmes par institution (n=67 institutions)
Nombre de programmes Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Un seul programme 44 66%
Deux programmes 12 18%
Trois programmes 7 10%
Quatre à six programmes 4 6%
Total 67 100%

Les deux tiers des institutions n'offrent qu'un seul programme. Lorsqu'une institution compte plus d'un programme, il peut s'agir tantôt de programmes de niveaux différents (ex. : certificat, maîtrise), tantôt de programmes de même niveau avec spécialisations distinctes (ex. : préservation et conservation; systèmes informatiques pour bibliothécaires, archivistes et gestionnaires de l'information). Les institutions offrant le plus large éventail de programmes sont : University of New South Wales (Australie, n=5), University College of London (R.U., n=5) et National Archives of India (n=6).

Voyons maintenant la répartition de ces 109 programmes par niveau académique. Précisons que les répondants ont été appelés à déterminer eux-mêmes à quel cycle correspondent les programmes selon le système d'éducation en vigueur dans leur pays. Un choix de réponse " autre " avait été prévu.

Tableau 8 Niveau des programmes (n=109 programmes)
Niveau du programme Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Premier cycle 36 33%
Deuxième cycle 42 38%
Troisième cycle 15 14%
Autre niveau 16 15%
Total 109 100%

Se distinguant en cela des disciplines traditionnelles, le nombre de programmes de deuxième cycle dépasse légèrement celui des programmes de premier cycle. Le troisième cycle représente à peine 14% de l'ensemble alors qu'on compte tout autant de programmes de niveau autre. Dans ce dernier cas, il s'agit de programmes à niveaux multiples (ex. : licence et maîtrise dans le même programme), de programmes non-inscrits dans la structure universitaire ou encore de programmes dont les répondants n'ont pu préciser le niveau.

En ce qui concerne la durée des programmes, on constate que les pratiques varient beaucoup d'une institution à l'autre.

Tableau 9 Durée des programmes (n=106 programmes)
Durée

Niveau
1 an et moins 18 mois à 2 ans 3 ans et plus imprécis Nombre total de programmes
Premier cycle 7 10 15 2 34
Deuxième cycle 17 10 7 8 42
Troisième cycle 5 2 6 1 14
Autre niveau 4 5 3 4 16
Tous les niveaux 33 27 31 15 106

Lorsqu'on considère globalement l'ensemble des programmes, les données relatives à la durée sont peu significatives en ce sens qu'il y a pratiquement autant de programmes dans chacune des trois catégories définies soit, un an et moins, de 18 mois à deux ans, trois ans et plus. En tenant compte du niveau des programmes, le portrait se précise légèrement; les programmes de premier cycle s'étirent généralement sur deux ans et davantage alors que ceux du deuxième cycle ont plutôt une durée de deux ans et moins. Quant aux curriculum de troisième cycle ou de niveau autre, les durées en sont trop disparates pour pouvoir généraliser.

Enfin, nous examinerons les objectifs professionnels visés par les institutions pour chacun de leurs programmes en terme du type de main d'œuvre qu'elles entendent former.

Résumé de l'état de la question
Bien qu'on élabore peu sur leur spécificité, le niveau professionnel et le niveau technique sont reconnus par tous et l'on s'entend pour inscrire le niveau professionnel dans le cadre universitaire. Quant au(x) cycle(s) à privilégier, chaque pays a ses pratiques. La littérature récente tend toutefois à promouvoir le niveau maîtrise pour les futurs professionnels et le certificat pour les futurs techniciens et para-professionnels.

Tableau 10 Les objectifs professionnels des programmes (n=104 programmes)
Les objectifs professionnels Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Formation de professionnels 84 81%
Formation de cadres 38 37%
Formation de techniciens 19 18%
Autres 22 21%

Les résultats de l'enquête démontrent que la majorité des programmes, quel qu'en soit le niveau, visent à former des professionnels en archivistique. Certains d'entre eux entendent également former des cadres ou, plus rarement, des techniciens dans le domaine. Dans les objectifs autres mentionnés, on retrouve la formation de chercheurs en archivistique, d'historiens ayant des connaissances en archivistique ou encore de professionnels en information. Certaines spécialisations du travail archivistique sont également citées : conservation, reprographie, restauration, techniques d'automatisation.

1.3 Données sur la clientèle des programmes

Résumé de l'état de la question
Aussi, les effectifs sont généralement peu nombreux. … Contrairement à d'autres disciplines, l'archivistique ne peut tabler sur une identité professionnelle forte pour attirer des candidats et peu d'efforts sont consentis en matière de marketing auprès de la population étudiante.

Nous nous attarderons maintenant à la clientèle des programmes en archivistique. Notre enquête s'est d'abord intéressée à l'importance numérique de cette clientèle. Pour ce faire, nous avons utilisé les données relatives aux étudiants inscrits pour l'année 1997-1998 dans chacun des programmes.

Tableau 11 Nombre d'étudiants inscrits à l'année 1997-1998 (n=96 programmes)
Niveau des programmes Nombre d'étudiants inscrits Pourcentage des étudiants inscrits
Premier cycle 2,801 61%
Deuxième cycle 1,083 23%
Troisième cycle 236 5%
Autre niveau 508 11%
Total 4,628 100%

Dans le tableau précédent, on remarque d'abord que le nombre total d'étudiants inscrits s'élève à plus de 4,600 pour 96 programmes. Plus de 4,000 de ces étudiants sont inscrits à l'un des trois cycles universitaires et leur répartition entre ceux-ci suit le profil décroissant habituel. La portion " autre niveau " regroupe les étudiants des écoles non affiliées aux réseaux universitaires et compte pour 11% de la clientèle. Telle qu'établie pour l'ensemble, la moyenne d'inscrits par programme s'élève à 48 mais la présence de cohortes très nombreuses, notamment dans des groupes de premier cycle, provoque une distorsion de la réalité. Aussi, faut-il développer l'analyse pour évaluer l'importance réelle des clientèles.

Tableau 12 Taille des groupes d'étudiants par niveau de programme pour l'année 1997-1998 (n=96 programmes)
Cycle des programmes Nombre de programmes comptant Nombre total de programmes
moins de 25 étudiants de 25 à 49 étudiants de 50 à 99 étudiants 100 étudiants et plus
Premier cycle 8 11 6 7 32
Deuxième cycle 27 3 4 2 36
Troisième cycle 9 2 2   13
Autre niveau 8 3 4   15
Total 52
(54%)
19
(20%)
16
(17%)
9
(9%)
96
(100%)

Ainsi répartie par taille de groupes d'étudiants, l'importance de la clientèle se trouve rajustée à la baisse. La majorité des programmes comptent moins de 25 étudiants sauf au premier cycle où les effectifs moyens atteignent la quarantaine d'étudiants. C'est aussi surtout à ce niveau qu'on retrouve les quelques groupes numériquement très importants (programme en archivistique, département de documentation, Université Fédérale Fluminense, Niteroi, Brésil, 250 étudiants; programme en sciences archivistiques, département de bibliothéconomie, Université Wuhan, Chine, 200 étudiants). Au deuxième cycle, seuls les départements de bibliothéconomie et sciences de l'information de l'Université catholique de Washington et de l'Université de Montréal comportent des programmes comptant plus de cent étudiants.

Contrairement à ce que les auteurs avancent dans la littérature, plusieurs efforts sont consentis par les institutions pour faire connaître les programmes en archivistique. En fait, une forte majorité d'entre elles (91%) est engagée activement dans la promotion et a recours à des moyens diversifiés. Les moyens traditionnels de promotion, tels les brochures, prospectus, affiches, répertoires des cours, demeurent les plus courants mais on remarque que les médias électroniques sont également mis à profit (émissions télé et radio, sites WEB). En troisième lieu viennent les contacts directs avec la clientèle cible : séances d'information, visites, participations aux journées carrières. Enfin, les institutions utilisent parfois des relais extérieurs au milieu académique comme par exemple les revues professionnelles ou certains services de l'administration publique.

La dernière donnée relative à la clientèle des institutions concerne l'existence d'associations étudiantes spécifiques aux futurs archivistes.

Tableau 13 Les associations étudiantes (n=60 institutions)
Type d'associations Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Une seule association pour étudiants en archivistique seulement 12 20%
Deux associations distinctes (archivistique et sciences de l'information) 7 12%
Une seule association pour étudiants en sciences de l'information 9 15%
Autre(s) type(s) d'associations 5 8%
Aucune association 27 45%
Total 60 100%

À la lumière du tableau qui précède, on constate que le tiers des institutions compte une association distincte pour les étudiants en archivistique. Dans quelques autres institutions (15%), l'association existante regroupe tous les étudiants en sciences de l'information, y compris les futurs archivistes. Enfin, dans certains cas, il existe une association regroupant les anciens diplômés (ex. : Anciens de l'Institut Supérieur de Documentation, Tunis), ou encore, les étudiants sont invités à se joindre aux associations professionnelles nationales (ex. : Association des archivistes du Québec). Enfin, près de la moitié des institutions ne comportent pas d'association étudiante propre aux étudiants en archivistique. La répartition géographique des institutions avec ou sans association est telle qu'on ne peut parler de tradition nationale à cet égard.

En résumé. Les 67 institutions qui ont répondu à l'enquête sont réparties entre 29 pays et l'enseignement y est dispensé dans une vingtaine de langues. Bien que nombre d'écoles soient plus anciennes, ce sont les décennies 1970 et 1980 qui ont été les plus prolifiques en matière de création d'unités de formation. Le même phénomène, qui se poursuit à la présente décennie, s'observe pour le développement de programmes.

La majorité des institutions comptent un seul programme mais on assiste au développement de programmes multiples (différents niveaux; spécialisations). On compte légèrement plus de programmes de deuxième cycle que de premier cycle, le troisième cycle et les autres niveaux étant nettement minoritaires. La durée des programmes est fort variable; tout au plus, on observe que les premiers cycles sont généralement plus longs que les deuxièmes cycles (deux ans et plus pour les premiers, deux ans et moins pour les deuxièmes). Mais quels qu'en soient le niveau et la durée, la majorité des programmes visent à former des archivistes professionnels.

La clientèle étudiante est numériquement peu importante et la taille moyenne des groupes d'étudiants par programme, tous niveaux confondus, n'atteint pas la cinquantaine. Pourtant presque toutes les institutions ont recours à des moyens de promotion pour attirer les candidats. Enfin, à peine le tiers des institutions compte une association étudiante réservée exclusivement aux futurs archivistes.


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Dernière mise à jour : 11 janvier 2000