I - LA FORMATION PROFESSIONNELLE INITIALE EN ARCHIVISTIQUE (suite)

CHAPITRE 2 - RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE

2. LES ÉLÉMENTS D'ORGANISATION

Dans cette section, nous examinerons les données recueillies par notre enquête au sujet des éléments d'organisation qui contribuent au bon fonctionnement des unités de formation en archivistique. Nous les aborderons dans l'ordre suivant : l'institution de rattachement et les départements d'accueil, les ressources humaines (le personnel enseignant, le personnel d'assistance pédagogique et les responsables de stages), les ressources matérielles (les ressources documentaires, les équipements matériels et les ressources technologiques) et les ressources du milieu (les ressources du milieu immédiat et les échanges internationaux).

2.1 L'institution de rattachement

Résumé de l'état de la question
La question de l'institution de rattachement - département d'histoire versus département de bibliothéconomie / sciences de l'information - a fait couler beaucoup d'encre depuis le début du vingtième siècle. Dans les années 1980, on en vient à un "consensus apathique", lequel consiste à accepter indifféremment toutes les formules possibles. Cependant, dans la littérature, les tenants de l'intégration aux sciences de l'information représentent un courant nettement dominant. La tendance pro-histoire est en régression alors que de nouvelles approches voient le jour bien que sous un mode marginal.

La question de l'institution de rattachement, telle qu'abondamment traitée dans la littérature, aurait dû être plus justement désignée par le terme question du département d'accueil. En effet, tous les participants au débat semblent prendre pour acquis que la formation en archivistique prend place obligatoirement dans une institution universitaire. Or, les données de l'enquête rappellent l'existence de possibilités autres.

Tableau 14 Institution de rattachement des unités de formation en archivistique (n=67 institutions)
Type d'institution Nombre Pourcentage
Institution universitaire 53 79%
Institution nationale d'archives 11 16%
École indépendante 3 5%
Total 67 100%

L'appartenance à l'institution universitaire est certes de loin la formule la plus répandue mais il faut aussi compter avec des écoles d'archivistique intégrées à des institutions nationales d'archives et à des écoles indépendantes. Dans ces derniers cas, on peut parler de traditions nationales. Les institutions nationales d'archives assurant une formation initiale sont le fait de quelques pays (Allemagne, Finlande, France, Inde, Italie) et c'est dans deux de ces pays, soit l'Allemagne et la France, que l'on retrouve des écoles indépendantes (Archivschule à Marburg, Bayerische Beamtenfachhochschule à Munich et l'École nationale du patrimoine à Paris).

En ce qui concerne les départements d'accueil, on constate que les options pratiquées sont en fait plus nombreuses que ne le laissait entrevoir la littérature.

Tableau 15 Département ou école d'accueil des unités de formation en archivistique (n=67 institutions)
Département ou école d'accueil Nombre Pourcentage
Bibliothéconomie et / ou sciences de l'information 17 25%
Archivistique, bibliothéconomie et / ou sciences de l'information 8 12%
Histoire 13 19%
Archivistique 21 31%
Documentation 4 6%
Autres 1 2%
Sans rattachement départemental 3 5%
Total 67 100%

Soutenu par une littérature abondante, le courant de l'intégration aux sciences de l'information l'emporte sur les autres tendances et l'on assiste progressivement ces dernières années à l'insertion du terme archivistique dans l'appellation de ces départements. On verra ultérieurement que ce dernier phénomène n'est pas que d'ordre littéraire, les départements ainsi dénommés ayant des caractéristiques distinctes. Bien que les unités de formation liées aux sciences de l'information soient les plus nombreuses, on ne saurait parler de prépondérance puisque à peine plus du tiers de l'ensemble s'inscrit dans ce courant (37%). En corollaire, la tendance pro-histoire s'avère moins populaire comptant presque moitié moins de départements (19%); précisons que le terme archivistique n'apparaît jamais ici dans l'appellation officielle du département.

Les tenants de ces deux positions ont utilisé, tout compte fait, le même argument, soit la nécessité d'inscrire l'archivistique dans un contexte lui assurant le plus d'autonomie possible. Aussi d'aucuns auront repris cet argument pour prôner la création de départements dédiés à la seule formation archivistique. On constitue donc depuis quelques années des départements autonomes d'archives à l'intérieur des institutions universitaires. À ceux-ci s'ajoutent les écoles intégrées à des institutions nationales d'archives, comme il est de tradition dans certains pays (ex. : Inde, Italie) et quelques écoles indépendantes d'archivistique (ex. : Archivschule à Marburg). Le tiers des départements ou écoles ont donc pour domaine d'études la seule discipline archivistique.

Outre ces trois approches principales, notre enquête a révélé deux autres types de milieux d'accueil soit des départements de documentation (n=4) et une école du patrimoine (n=1). Précisons que l'approche documentaliste est appliquée dans quatre pays différents, soit le Brésil, l'Espagne, la Suisse et la Tunisie.

Enfin, dans trois institutions, les programmes en archivistique sont reliés directement à une faculté ou à la direction de l'université sans la structure intermédiaire d'un département (ex. : Universidade Federal de Santa Maria, Brésil).

En résumé. Bien que les deux tendances traditionnelles antagonistes de l'intégration aux sciences de l'information versus à l'histoire soient toujours observables, on constate l'émergence d'un autre courant misant sur l'autonomie de l'archivistique par la création d'écoles et de départements indépendants ou par l'inscription à statut égal de la discipline archivistique au sein de départements en bibliothéconomie et/ou sciences de l'information.

2.2 Les ressources humaines

Résumé de l'état de la question
Le sujet des ressources humaines est longuement abordé par Couture qui en établit la nomenclature : le personnel enseignant, le personnel d'assistance pédagogique et le personnel administratif. Les autres auteurs se limitent à la question du corps professoral si ce n'est une mention furtive au rôle du responsable de stage.

A l'instar des autres formations de type professionnel, le personnel enseignant en archivistique regroupe des individus de statuts différents (professeur régulier, vacataire ou chargé de cours, professeur invité) et de prove-nances variées (praticiens de l'archivisti-que, théoriciens de l'archivistique, profes-seurs issus de disciplines connexes).

Au chapitre des problèmes relevés en regard du corps professoral, on soulève l'instabilité des ressources, le manque de formation pédagogique de la plupart des enseignants et, surtout, le très faible nombre de professeurs réguliers. Pour quiconque s'est intéressé à la question, l'augmentation du nombre de professeurs réguliers constitue une priorité et même "l'unique solution" pour parfaire le système d'éducation en archivistique. Une des conséquences directes du très petit nombre de professeurs à temps plein est le peu de recherches dans le domaine, ce qui constitue un frein au développement disciplinaire.

Notre enquête s'est essentiellement intéressée à trois catégories de ressources humaines soit, le personnel enseignant, le personnel d'assistance pédagogique et les responsables de stage. Aux données quantitatives fournies dans les questionnaires s'ajoutent d'autres informations contenues dans la documentation envoyée par un certain nombre d'institutions; l'analyse des unes et des autres ne sera donc pas de même nature.

Le personnel enseignant
La question du personnel enseignant est abordée en premier lieu. Compte tenu de l'inscription fréquente des programmes d'archivistique à l'intérieur d'unités d'enseignement plus vastes, l'enquête prend soin de distinguer le personnel enseignant donnant exclusivement des cours en archivistique de l'ensemble du personnel enseignant de l'unité d'enseignement. Cependant, certaines institutions n'ont répondu qu'à un seul volet de la question, les unes parce que la distinction ne s'appliquait pas à leur cas, les autres parce qu'elles ne détenaient pas les informations requises. Aussi, le nombre de répondants varie-t-il légèrement dans les tableaux qui suivent.

Tableau 16 Statut du personnel enseignant donnant exclusivement des cours en archivistique (n=61 institutions)
Statut des enseignants Nombre d'institutions Pourcentage d'institutions
Temps complet 47 77%
Temps partiel 37 61%
Vacataires 31 51%

Tableau 17 Statut de l'ensemble du personnel enseignant (n=56 institutions)
Statut des enseignants Nombre d'institutions Pourcentage d'institutions
Temps complet 45 80%
Temps partiel 37 66%
Vacataires 31 56%

La comparaison entre les deux tableaux précédents démontre qu'à l'intérieur d'une unité d'enseignement, il y a peu de différence dans les statuts au niveau de l'unité entre le personnel enseignant dédié à l'enseignement de l'archivistique et l'ensemble du corps professoral. On retiendra essentiellement de ces données le fait suivant : autant pour l'un que pour l'autre , autour de vingt pour cent des unités d'enseignement ne comptent pas de professeurs réguliers.

Lorsqu'on examine de plus près la situation au niveau des enseignants, les problèmes relevés dans la littérature se précisent.

Tableau 18 Statut et nombre des enseignants donnant exclusivement des cours en archivistique (n=61 institutions)
Statut des enseignants Nombre d'enseignants Nombre d'enseignants par institution Pourcentage du nombre total d'enseignants
Temps complet 151 2.5 25%
Temps partiel 203 3.3 34%
Vacataires 243 4.0 41%
Total 597 9.8 100%

Tableau 19 Statut et nombre de l'ensemble des enseignants (n=56 institutions)
Statut des enseignants Nombre d'enseignants Nombre d'enseignants par institution Pourcentage du nombre total d'enseignants
Temps complet 933 16.7 46%
Temps partiel 356 6.3 17%
Vacataires 751 13.4 37%
Total 2,041 36.4 100%

Chez les enseignants dédiés exclusivement à l'archivistique, la catégorie des vacataires occupe le premier rang et celle des professeurs réguliers, le dernier rang avec aussi peu que le quart des effectifs. À l'inverse, pour l'ensemble du corps professoral de l'unité d'enseignement, la catégorie des professeurs réguliers prime mais il faut noter néanmoins qu'elle représente un peu moins de la moitié des enseignants. Ainsi au sein des unités d'enseignement qui l'accueillent, l'archivistique fait apparemment figure de parent pauvre avec un pourcentage nettement inférieur de professeurs réguliers par rapport à celui de l'ensemble de l'unité. Ne pouvant, faute d'informations, nous livrer à des comparaisons avec d'autres disciplines, on doit se limiter à ce seul constat. Mais ce dernier constitue une pièce justificative importante en regard des recommandations formulées dans la littérature.

La loi du nombre joue également en défaveur de l'enseignement en archivistique. On compte en effet à peine une dizaine d'enseignants par institution. Au sein de l'unité d'enseignement, ceux-ci représentent environ le quart du corps professoral. Aussi, par rapport à l'institution prise dans son ensemble, ils ne peuvent représenter qu'une quantité négligeable. Le petit nombre de professeurs réguliers, soit une moyenne de 2.5 par institution, fragilise la stabilité des programmes et donne peu de poids politique à la discipline archivistique au sein des maisons d'enseignement.

Nous référant à la littérature, on constate tout de même une certaine amélioration, à tout le moins en Amérique du Nord. Alors qu'en 1988, Conway y recensait aussi peu que sept professeurs réguliers à temps plein, notre enquête en a répertorié 17 chez nos 13 répondants. Quant à l'impact du nombre restreint de professeurs à temps plein sur la recherche, nous y reviendrons dans la seconde partie du rapport.

Dans notre questionnaire, nous demandions aux institutions de joindre la liste des enseignants avec certaines informations de base (statut, diplôme(s), lieu et nombre d'années de pratique). Un peu moins de la moitié des institutions ont obtempéré à cette demande et la documentation reçue est de nature et d'étendue très variables. Aussi, ne possédons-nous de données précises concernant la formation du personnel enseignant que pour un nombre très limité de professeurs (n=67), soit 11% de l'ensemble des enseignants en archivistique. L'analyse qui suit a donc une valeur tout juste indicative.

Tableau 20 Formation du personnel enseignant donnant exclusivement des cours en archivistique (n=67 enseignants)
Discipline du dernier diplôme obtenu Nombre d'enseignants Pourcentage du nombre total d'enseignants
Archivistique 39 58%
Histoire 9 13.5%
Biblio. et sc. de l'information 9 13.5%
Éducation 4 6%
Autres 6 9%
Total 67 100%

Faute d'informations précises, on connaît mal les antécédents des enseignants ayant obtenu un dernier diplôme en archivistique et on ne peut les départager entre historiens et bibliothécaires de première formation. Par contre, on peut observer chez ceux qui ne possèdent pas de formation en archivistique un égal partage entre ces deux disciplines. Comme on pouvait s'y attendre, les départements d'accueil ont tendance à engager surtout des enseignants ayant une formation initiale dans leur discipline bien que un ou deux éléments " de l'extérieur " soient souvent intégrés au corps professoral.

Le personnel d'assistance pédagogique
Le personnel d'assistance pédagogique forme la deuxième catégorie de ressources humaines. Elle compte des effectifs restreints affectés à des tâches diversifiées et les titres qui les identifient s'accordent aux pratiques nationales.

Tableau 21 Personnel d'assistance pédagogique (n=49 institutions)
Nombre d'assistants pédagogiques Nombre d'institutions Pourcentage d'institutions
Aucun assistant 18 37%
Un seul assistant 18 37%
Deux assistants 8 16%
Trois assistants 5 10%
Total 49 100%

Le portrait du personnel d'assistance pédagogique se résume ainsi : un tiers des institutions n'en comporte pas, un deuxième tiers compte un seul assistant et le dernier tiers en a deux ou trois. Pour l'ensemble des répondants, on obtient une moyenne d'un assistant par institution. L'importance qualitative moindre de cette catégorie des ressources humaines explique sans doute en partie le mutisme de la littérature à son sujet.

Tableau 22 Titres du personnel d'assistance pédagogique (35 titres analysés sur un total de 49 réponses)
Catégories de titres Exemples de titres Nombre de réponses
Titres liés à l'enseignement Assistant d'enseignement, " senior lecturer " 13
Titres liés à l'administration Directeur du département, responsable de la formation en archivistique… 9
Titres liés aux laboratoires Technicien en laboratoire, assistant en préservation… 6
Titres liés à la recherche Assistant de recherche 4
Titres liés à la pratique archivistique Archiviste d'État, tuteur en archivistique 3
Total   35

L'analyse des titres s'est limitée à 35 des 49 postes signalés; les réponses non retenues ne spécifiaient pas la nature du poste ou encore le faisaient d'une façon imprécise. Parmi les titres étudiés, bon nombre est relié à des activités prévisibles pour un cadre académique (enseignement, laboratoires, recherche). La catégorie des titres liés à l'administration regroupe en fait des personnes dont l'occupation principale est d'ordre administratif mais qui assument également des tâches pédagogiques non précisées. Enfin, la dernière catégorie comprend des praticiens du milieu archivistique.

Les responsables de stage
Les responsables de stage forment la troisième catégorie de ressources humaines. À cette étape-ci, notre enquête se heurte à un problème d'incohérence dans les données recueillies. Certaines institutions indiquent compter un ou des responsables de stage alors qu'aucun de leur programme n'offre précisément cette activité. Deux répondants ont également fourni un nombre étonnamment élevé de responsables et il pourrait bien s'agir ici des responsables en milieu d'accueil plutôt que de responsables de stage proprement dit. Aussi le tableau ci-dessous comporte-t-il une certaine marge d'erreur mais celle-ci ne nous empêche pas de procéder à une analyse générale.

Tableau 23 Responsables de stage (n=53 institutions)
Nombre de responsables de stage Nombre d'institutions Pourcentage d'institutions
Aucun responsable 13 25%
Un seul responsable 16 30%
Deux responsables 14 26%
Trois à cinq responsables 8 15%
Douze et quinze responsables 2 4%
Total 53 100%

De façon générale, une quarantaine d'institutions comportent des responsables de stage au sein de leur personnel soit le même nombre que les institutions offrant des programmes de formation avec stage. En tenant compte des incongruités déjà notées au niveau des données, on peut déduire que presque toutes les institutions avec stage comptent au moins un responsable de stage. La moyenne du nombre de responsables s'établit à 2.5 pour les seules institutions offrant des stages.

En résumé. Nous présentons le portrait synthétique des ressources humaines dont disposent, en moyenne, les institutions offrant une formation initiale en archivistique.

Tableau 24 Ensemble des ressources humaines (n=variable)
Catégories de personnel Pourcentage des institutions Nombre d'effectifs par institution
Enseignants à temps complet en archivistique 77% 2.5
Enseignants à temps partiel en archivistique 61% 3.3
Enseignants vacataires en archivistique 51% 4.0
Assistants pédagogiques 63% 1.0
Responsables de stage 75% 1.9
Total   12.7

A la lecture de ce tableau récapitulatif, un premier constat s'impose : les ressources humaines dont on dispose pour la formation initiale en archivistique sont très limitées. D'une part, l'ensemble du personnel dédié à cette fonction s'élève, en moyenne, à aussi peu que 12.7 individus par institution. D'autre part, la grande majorité du personnel enseignant est engagée sur une base non-régulière de sorte que ces ressources sont facilement vulnérables aux inconstances aussi bien des individus que des décisions administratives (mobilité du personnel non régulier, précarité des postes de vacataires). En deuxième lieu, on constate que les résultats de notre enquête corroborent le diagnostic émis dans la littérature sur deux points, à savoir l'instabilité des ressources et le trop faible nombre de professeurs réguliers. Enfin, les données recueillies révèlent qu'on consacre des ressources appréciables à l'encadrement des stages. C'est là un aspect positif de ce portrait synthétique, aspect par ailleurs négligé par la littérature.

2.3 Les ressources matérielles

Résumé de l'état de la question
Le sujet des ressources matérielles révèle plusieurs préoccupations. Au premier rang, on retrouve la question des ressources documentaires. À la lumière des constats nationaux et des différents inventaires réalisés, il ressort clairement qu'il y a un manque de matériel didactique sur le plan international.

Au deuxième rang des préoccupations sur les ressources matérielles vient l'accès à un laboratoire d'informatique à la fine pointe des technologies de l'information. La nécessité d'un laboratoire de restauration - conservation mentionnée dans la littérature des années 1980 semble tomber dans l'oubli à la décennie suivante. Enfin, le concept d'un laboratoire d'archivistique est proposé par un seul auteur.

La majorité des institutions (n=59; 88%) offre aux étudiants l'accès à une bibliothèque spécialisée couvrant notamment le domaine de l'archivistique.

Tableau 25 Les ressources documentaires (n=67 institutions)
Ressources documentaires Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Ont accès à une bibliothèque spécialisée 59 88%
Possèdent des périodiques 48 72%
Possèdent des monographies 46 69%
Possèdent d'autres types de ressources 30 45%

Monographies et périodiques constituent l'essentiel des collections mais on y trouve également d'autres types de ressources documentaires tels des documents sur nouveaux supports (vidéo, CD-ROM, etc.), de la littérature grise (mémoires, manuels de procédures, etc.) et du matériel archivistique (manuscrits, fac-similés, etc.). Les données relatives au nombre de monographies et de périodiques se sont révélées très disparates et il est impossible de tirer une moyenne significative. Ainsi, certaines collections se limitent à moins d'une centaine de monographies et d'une dizaine de périodiques alors qu'ailleurs, c'est par dizaine de milliers et par milliers qu'on compte respectivement les monographies et les périodiques. Ajoutons que certaines institutions avec bibliothèque spécialisée offrent également accès à des bibliothèques centrales (n=7).

Du côté des ressources en équipements matériels, les institutions sont diversement pourvues selon la nature de l'équipement considéré.

Tableau 26 Les équipements matériels et ressources technologiques (n=67 institutions)
Équipements et ressources Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Équipements audiovisuels 58 87%
Laboratoire d'informatique 54 81%
Atelier de reprographie 52 78%
Accès aux réseaux de télécommunications 47 70%
Atelier de restauration 27 40%
Laboratoire d'archivistique 24 36%
Autres 7 10%

À la lecture du tableau précédent, on constate qu'une majorité d'institutions sont pourvues d'équipements audiovisuels, de laboratoires d'informatique et d'ateliers de reprographie. Plusieurs ont également accès aux réseaux de télécommunications. Toutefois, les données de l'enquête ne permettent pas d'évaluer si ces ressources sont considérées suffisantes en quantité et en qualité par les institutions. Les ateliers de restauration et les laboratoires d'archivistique sont certes moins répandus mais tout de même plus courants que ne le laissait présager la littérature récente. Parmi les autres équipements signalés par les répondants, l'accès aux installations de dépôts d'archives est mentionné à quelques reprises.

En résumé. La majorité des institutions possède ou jouit d'un accès aux ressources matérielles identifiées comme prioritaires : bibliothèque spécialisée, équipements audiovisuels, laboratoire d'informatique relié aux réseaux de télécommunications et atelier de reprographie. La conformité de ces équipements n'a pu toutefois être mesurée par l'enquête.

2.4 Les ressources du milieu

Résumé de l'état de la question
Sur le plan de l'environnement immédiat, les responsables de programmes d'études en archivistique doivent pouvoir compter sur deux ressources privilégiées. En premier lieu, le milieu académique et les associations professionnelles doivent travailler en étroite collaboration. En second lieu, le milieu académique doit tisser des liens étroits avec les institutions nationales et les services d'archives des organismes publics et privés.

Sur le plan de la coopération internationale, un premier auteur entrevoit la nécessité d'établir des relations d'échange et de coopération sur une base stable et de longue durée alors qu'un second signale l'importance des communications par réseau électronique pour échanger les résultats des trop rares recherches réalisées en archivistique.

Outre leurs ressources internes, les départements et écoles d'archivistique ont recours, à une exception près, aux ressources extérieures de leur milieu. Cette mise à contribution est donc généralisée mais également importante, puisqu'en moyenne, les départements et écoles font appel à trois types de ressources.

Tableau 27 Les ressources du milieu mises à contribution (n=64 institutions)
Types de ressources Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Services d'archives du milieu public 54 84%
Autres départements ou services de l'institution de rattachement 51 80%
Associations professionnelles en archivistique 42 66%
Services d'archives du milieu privé 35 55%

Les services d'archives publiques sont les plus souvent cités suivis des autres départements et services de l'institution de rattachement; toutefois, dans ce dernier cas, la collaboration n'est pas nécessairement d'ordre archivistique. Des liens avec les associations professionnelles sont établis dans les deux tiers des cas. Les services d'archives privés arrivent au dernier rang mais ils sont néanmoins des partenaires pour plus de la moitié des départements et écoles.

En plus des ressources de leur milieu, la moitié des unités de formation en archivistique tirent profit de ressources extérieures à leur pays en participant à des échanges internationaux (n=35; 52%). Ces échanges prennent des formes diverses et certaines institutions sont impliquées dans plusieurs activités.

Tableau 28 Les activités associées aux échanges internationaux (n=67 institutions)
Forme des activités Nombre d'institutions Pourcentage des institutions
Échanges avec institutions d'enseignement 13 19%
Participation à des organismes internationaux 10 15%
Participation à des programmes internationaux 5 7%
Collaboration avec des institutions nationales d'archives étrangères 5 7%
Autres formes 10 15%
Aucune forme d'activités 32 48%

Les échanges avec des institutions d'enseignement (universités ou écoles indépendantes) représentent la formule la plus courante suivie de près par la participation à des organismes internationaux. Parmi ces derniers, le CIA est le plus fréquemment cité mais il est mentionné aussi d'autres organisations telles l'Association latino-américaine des archives ou encore l'International Records Management Trust. Au chapitre des programmes internationaux, on retrouve nommément le programme SOCRATES de la Commission européenne ainsi que des programmes apparemment spécifiques aux pays de l'Europe de l'Est (TEMPOS, Balaton). Il existe également quelques cas de collaboration entre écoles et archives nationales étrangères; la plupart sont de type bilatéral (ex. : Université Marmara de Turquie et Scottish Records Office) mais il existe aussi un projet où sont impliqués à tout le moins une université (Université de Colombie Britannique) et sept services d'archives nationales (Australie, Canada, États-Unis, Italie, Pays Bas, Royaume-Uni, Suède). Enfin, d'autres formes d'implication sont mentionnées telles l'organisation de cours d'été ou de séminaire internationaux, la pratique de missions ou de séjours scientifiques ou encore la réalisation d'activités laissées à l'initiative individuelle des membres du personnel.

Quelle que soit la forme d'activité pratiquée, on remarque que bon nombre des collaborations repose sur des affinités linguistiques (ex. : Université de Haute Alsace et Université de Montréal) ou encore sur des proximités géographiques (ex. : Université Karlova de Prague et École d'archivistique de Marburg). Toutefois, certains échanges transgressent ces barrières traditionnelles tels l'entente entre l'Université du Texas à Austin et les Archives régionales de Tver en Russie.

En résumé. À une exception près, toutes les unités de formation en archivistique mettent à contribution les ressources de leur milieu telles principalement les services d'archives publics, les services de l'institution de rattachement et les associations professionnelles. De plus, la moitié de celles-ci participe à des échanges internationaux avec des pays présentant généralement des affinités linguistiques ou une proximité géographique.


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Dernière mise à jour : 11 janvier 2000