I - LA FORMATION PROFESSIONNELLE INITIALE EN ARCHIVISTIQUE (suite)

CHAPITRE 2 - RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE

4. LES ÉLÉMENTS DE CONTENU

Dans cette quatrième section, nous verrons ce qui constitue l'essentiel de toute formation, soit les éléments de contenu que privilégient les unités de formation dans leurs programmes respectifs. Nous analyserons successivement les données relatives à l'organisation générale du contenu par le biais des programmes puis celles plus spécifiques concernant les matières au programme, les stages et les activités de recherche.

4.1 Les programmes

Dans l'objectif de qualifier les programmes en archivistique, notre enquête s'est d'abord concentrée sur certains aspects fondamentaux qui sont préalables à l'élaboration de tout programme tels l'équilibre souhaité entre théorie et apprentissage pratique et l'approche archivistique à privilégier. Puis, elle s'est attardée plus spécifiquement à la structure des programmes cherchant à connaître l'étendue de la pratique du tronc commun ainsi que la répartition du temps d'enseignement entre les différents savoirs.

4.1.1 Élaboration des programmes
Résumé de l'état de la question
Parmi les facteurs à considérer dans l'élaboration d'un programme, on retrouve les connaissances à acquérir pour développer les compétences professionnelles attendues du marché du travail. La définition de ces connaissances repose sur la notion d'équilibre qui intervient ici à deux niveaux. Le premier niveau se réfère à la répartition entre enseignement théorique et apprentissage pratique; à cet égard, on note un consensus sur l'importance égale à accorder à ces deux aspects de la formation. Le second niveau concerne plus directement le contenu des cours et offre trois options : une première approche sectorielle axée sur les archives courantes et intermédiaires, une deuxième approche de même type axée sur les archives définitives et une troisième approche dite intégrée réunissant l'une et l'autre.

L'équilibre entre enseignement théorique et apprentissage pratique n'a pas été directement abordé dans le questionnaire. Toutefois, les réponses signifiées à deux questions périphériques fournissent des indices sur le rapport théorie/pratique. Ainsi les cours magistraux n'occupent en moyenne que 50% du temps d'enseignement alors que l'autre moitié du temps de formation se compose essentiellement d'activités de nature pratique (laboratoires, travaux pratiques, travaux dirigés) (voir tableau 33). Deuxième indice, la présence de stage obligatoire est le fait de 60% des programmes (voir tableau 55). Ainsi donc, le consensus noté dans la littérature sur l'équilibre souhaitable entre théorie et pratique semble bien être une réalité.

La question de l'approche à privilégier et du corpus à l'étude a fait couler beaucoup d'encre et ce, jusqu'à ces dernières années. Les résultats de l'enquête laissent toutefois entrevoir qu'on en est venu à un quasi consensus sur ce point.

Tableau 39 Approche des programmes (n=101 programmes)
Approche privilégiée Nombre de programmes Pourcentage de programmes
Intégrée 89 88%
Sectorielle - archives définitives 7 7%
Sectorielle - archives courantes et intermédiaires 1 1%
Autres 4 4%
Total 101 100%

L'approche intégrée fait donc la quasi-unanimité chez les répondants. La pratique de l'approche sectorielle axée sur les archives définitives reste limitée à quelques pays (Inde, Italie et Slovaquie) mais encore, ces pays, à l'exception de la Slovaquie, offrent-ils d'autres programmes de type corpus intégré. Une seule institution semble adopter l'approche sectorielle axée sur les archives courantes et intermédiaires (University of Northumbria at Newcastle, R. U.). Enfin, quatre programmes présentent des corpus inattendus alliant soit archives intermédiaires et définitives (School of archival studies, New Delhi; Loyola University, Chicago), soit archives courantes et définitives (University of Warsaw, Pologne).

4.1.2 Structures des programmes
Résumé de l'état de la question
En examinant les structures proposées dans la littérature, on constate la prépondérance de plus en plus marquée avec les années du savoir purement archivistique bien que d'autres disciplines, telles les sciences de l'information, l'histoire, l'informatique et les sciences de la gestion, occupent une place appréciable. Les uns déplorent que les nouveaux cours offerts sont essentiellement de type périphérique alors que les autres reconnaîssent l'apport indispensable de ces disciplines pour une formation initiale complète des futurs archivistes : il suffit toutefois que leur enseignement soit orienté en fonction des besoins spécifiques de la discipline archivistique. Par ailleurs, les modules de stage et d'activités de recherche, à quelques exceptions près, sont maintenus tout au long de ces exercices théoriques.

Nous tenterons, dans cette section, de découvrir les principales structures à partir desquelles s'organisent les programmes de formation archivistique. Pour l'heure, nous nous en tiendrons aux modules des différents savoirs disciplinaires, réservant les modules de stage et d'activités de recherche pour des sections ultérieures. En premier lieu, nous aborderons la question de la pratique du tronc commun avec d'autres disciplines.

Tableau 40 Pratique du tronc commun (n=75 répondants)
Structure des programmes Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Avec tronc commun 31 41%
Sans tronc commun 44 59%
Total 75 100%

Selon les données inscrites au questionnaire et les informations recueillies dans la documentation jointe à ce dernier, 41% des programmes présentent une structure ayant un tronc commun avec quelque autre discipline. On remarque toutefois le faible nombre de répondants à cette question (n=75). Il est possible que les répondants dont les programmes n'ont pas de tronc commun aient tout simplement ignoré la question; dans ce cas, le pourcentage des programmes avec tronc commun serait diminué d'autant. Retenons donc que la pratique du tronc commun caractérise un certain nombre de programmes en archivistique mais qu'elle ne constitue pas l'approche de la majorité.

Tableau 41 Pratique du tronc commun selon le département d'accueil (n=75 répondants)
Département d'accueil Nombre de programmes avec tronc commun Pourcentage des programmes de ce type de département
Archivistique 7 30%
Archivistique, bibliothéconomie et sciences de l'information 2 18%
Bibliothéconomie et/ou sciences de l'information 10 56%
Histoire 8 57%
Autres 4 44%
Total 31  

En poussant plus loin l'analyse des données, on constate que la pratique du tronc commun varie en fréquence selon le département d'accueil. Ainsi, les programmes inscrits dans des départements ou écoles entièrement ou partiellement dévolus à l'archivistique présentent moins souvent ce type de structure que les programmes greffés à des départements d'autres disciplines. On remarque aussi qu'il n'y a pas de différence significative entre les pratiques des départements d'histoire et de sciences de l'information. Une fois ce constat établi, nous avons cherché à savoir de quelles disciplines étaient ces troncs communs.

Ce sont évidemment les disciplines sciences de l'information et histoire qui sont les plus courantes et, généralement, on retrouve ces troncs communs dans les programmes offerts par les départements correspondants. Toutefois, il y a quelques chassés-croisés tels l'École de bibliothéconomie du Catholic University of America (Washington) qui offre un programme conjoint avec le département d'histoire ou encore le département d'histoire de l'Université de Lyon qui s'est associé au département d'information-communication pour un programme de troisième cycle avec option archivistique. Hormis ces deux disciplines traditionnellement associées à l'archivistique, on retrouve quelques autres champs d'études inscrits, à titre de tronc commun, dans les programmes d'archivistique. Ceux-ci appartiennent au domaine du patrimoine (ex. : Université de Haute-Alsace), à la paléographie et diplomatique selon la tradition italienne (ex. : Scuola di archivistica, paleografia y diplomatica) ou encore à des disciplines plus inattendues (ex. : études critiques en cinéma et télévision, University of California, Los Angeles).

Enfin, la pratique du tronc commun n'est pas le fait de tradition académique nationale puisqu'elle se retrouve dans une quinzaine de pays éparpillés sur le globe (Chine, République slovaque, Algérie, Etats-Unis, etc.).

Nous aborderons maintenant la question des savoirs disciplinaires inclus dans les différents programmes de formation. Nous examinerons d'abord les données générales relevées dans le questionnaire. Puis, nous analyserons plus en détail les informations contenues dans la documentation fournie par les répondants.

Tableau 42 Contenu des programmes (n=95 répondants)
Savoir contenu dans le programme Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Sujets archivistiques 95 100%
Sujets généraux (histoire, droit, etc.) 76 80%
Sujets reliés aux sciences de l'information 63 66%

On constate donc, en premier lieu, que la majorité des programmes abordent d'autres savoirs que le savoir archivistique, les sujets généraux étant légèrement privilégiés par rapport aux sciences de l'information. Toutefois, il importe surtout de connaître quelle proportion du temps de formation est consacrée à ces différents savoirs.

Tableau 43 Proportion du temps consacré aux différents savoirs (n=95 répondants)
Savoir contenu dans le programme Proportion du temps
Sujets archivistiques 57%
Sujets généraux (histoire, droit, etc.) 26%
Sujets reliés aux sciences de l'information 17%
Total 100%

Les sujets archivistiques occupent évidemment la majeure partie du temps; il est même 15% des programmes qui y consacrent tout leur temps. Viennent en deuxième lieu les sujets généraux qui forment un ensemble d'éléments secondaires occupant le quart du temps de formation. Enfin, les sciences de l'information constituent un élément complémentaire non-négligeable.

L'examen de la documentation fournie a permis de préciser davantage les structures des programmes et d'établir des corrélations entre certaines tendances et des facteurs telles la présence de tronc commun et l'appartenance départementale. Rappelons que cette documentation couvre un nombre moindre de programmes (n=44) et que le travail de normalisation des données a certes donné lieu à quelques interprétations. De plus, seuls les cours obligatoires ont été considérés pour fins d'analyse. Néanmoins, les caractéristiques générales de cet échantillon restreint présentent suffisamment de similitude avec celles de la population totale de l'enquête pour qu'une analyse plus fouillée du premier soit d'un intérêt certain.

Tableau 44 Comparaison entre l'échantillon et la population totale quant à la pratique du tronc commun et la répartition des savoirs
  Nombre de programmes Avec tronc commun Sujets archivistiques Sujets généraux Sciences de l'information
Échantillon 44 34% 52% 33% 15%
Population totale 95 41% 57% 26% 17%

En utilisant les renseignements contenus dans la documentation, on peut maintenant départager le module " sujets généraux " en savoirs disciplinaires définis tels l'histoire, l'informatique et les sciences de la gestion. Il demeure, bien sûr, une catégorie " autres " mais elle est de proportion réduite. Muni de ces nouvelles données, on s'est d'abord interrogé quant à l'impact de la pratique du tronc commun sur l'importance relative des différents savoirs.

Tableau 45 Proportion du temps consacré aux différents savoirs selon la présence d'un tronc commun (n=44 programmes documentés)
Savoir contenu dans le programme Proportion du temps
Programmes sans tronc commun (n=29) Programmes avec tronc commun (n=15) Ensemble des programmes (n=44)
Sujets archivistiques 58% 40% 52%
Sujets reliés aux sciences de l'information 12% 20% 15%
Sujets reliés à l'histoire 8% 15% 10%
Sujets reliés à l'informatique 9% 6% 8%
Sujets reliés aux sciences de la gestion 5% 3% 4%
Sujets autres 8% 16% 11%
Total 100% 100% 100%

Comme il était prévisible, les programmes avec tronc commun, de quelque discipline qu'ils soient, consacrent beaucoup moins de temps aux sujets archivistiques que les programmes sans tronc commun. Le module archivistique ne représente plus ici que 40% du temps de formation. Les modules sciences de l'information, histoire et autres sujets récupèrent le temps libéré et ce, dans des proportions approchantes. Cependant, les modules informatique et sciences de la gestion ne tirent aucun bénéfice de ce partage et présentent ici des proportions de temps inférieures à la moyenne générale.

En second lieu, nous avons cherché à vérifier si l'appartenance départementale a une influence quelconque sur la répartition du temps alloué aux différents savoirs.

Tableau 46 Proportion du temps consacré aux différents savoirs selon le département d'accueil (n=44 programmes documentés)
Savoirs disciplinaires Types de département d'accueil
Archivistique (n=12) Archivistique Bibliothéconomie Sc. Information (n=10) Bibliothéconomie Sc. Information (n=10) Histoire (n=8)
Archivistique 51% 50% 48% 71%
Sciences de l'information 9% 16% 24% 0%
Histoire 13% 8% 5% 14%
Informatique 6% 11% 9% 6%
Sciences de la gestion 5% 8% 3% 2%
Autres savoirs 16% 7% 11% 7%

Tentons à l'aide du tableau 46 de caractériser chacun des groupes de programmes. Les trois premiers groupes de programmes ont en commun un module de sujets archivistiques qui occupe environ la moitié du curriculum. Les programmes autonomes offrent une formation complémentaire où les sciences de l'information ne sont qu'un élément accessoire au même titre que les autres savoirs. Les programmes " archivistique, bibliothéconomie et sciences de l'information " présentent un modèle semblable mais ici les sciences de l'information gagnent en importance aux dépens des savoirs historiques et autres. Dans les départements bibliothéconomie et/ou sciences de l'information, le même phénomène, mais amplifié, est observable; les sciences de l'information atteignent presque la même importance que l'ensemble des autres savoirs non-archivistiques. Les programmes inscrits dans des départements d'histoire se distinguent par un module archivistique nettement plus développé et l'absence totale de sciences de l'information. Enfin, les autres programmes, qui constituent autant de cas particuliers, se révèlent tout à fait atypiques et, pour cette raison, ils n'apparaissent pas au tableau.

On constate donc que les programmes de formation en archivistique présentent des structures diversifiées selon la présence ou non d'un tronc commun et leur appartenance départementale. Alors que la littérature semblait prendre pour acquise la prépondérance du module archivistique, les données de notre enquête suggèrent que cette assertion est peut-être prématurée. Le tableau ci-joint fournit les exemples des positions extrêmes relevées par notre enquête.

Tableau 47 Positions extrêmes quant à la proportion du temps consacré aux différents savoirs
Savoir contenu dans le programme Département histoire sans tronc commun (n=6) Département biblio. et s.i. avec tronc commun (n=4) Ensemble des programmes (n=44)
Sujets archivistiques 71% 34% 52%
Sujets reliés aux sciences de l'information 0% 37% 15%
Sujets reliés à l'histoire 13% 5% 10%
Sujets reliés à l'informatique 8% 5% 8%
Sujets reliés aux sciences de la gestion 2% 2% 4%
Sujets autres 6% 17% 11%
Total 100% 100% 100%

En résumé. Dans la majorité des programmes, enseignement théorique et apprentissage pratique se voient accorder une importance égale alors qu'un consensus encore plus marqué est observé relativement à l'adoption de l'approche intégrée. La pratique du tronc commun est le fait d'une minorité importante de programmes et les disciplines associées sont la bibliothéconomie et sciences de l'information ou l'histoire. Pratiquement tous les programmes associent d'autres savoirs, tels les sciences de l'information, l'histoire, l'informatique et les sciences de la gestion, à un contenu archivistique qui compte pour un peu plus de la moitié du temps d'enseignement. Toutefois, l'importance relative de ces savoirs varie selon la présence ou non d'un tronc commun et le type de département d'accueil.

4.2 Les matières

Résumé de l'état de la question
Pas moins d'une quarantaine d'archivistes professionnels ont proposé, en l'espace d'une dizaine d'années, leur vision d'une formation archivistique adéquate - voire idéale. Les uns ont dressé la liste exhaustive des matières à aborder alors que les autres se sont concentrés sur des matières sujettes à controverse.

Pour les besoins de la cause, nous résumerons la centaine de cours proposés sous des vocables communs et nous les réunirons sous quatre grandes catégories: les cours d'archivistique "pure", les cours d'histoire "sur mesure", les cours communs aux sciences de l'information et les cours empruntés aux disciplines contributives (tableau 2).

Parmi l'ensemble des matières proposées, certaines ont fait l'objet de controverse ou - à tout le moins - ont suscité des prises de position publiques. C'est autour de l'histoire, de la conservation-préservation, de la gestion des services d'archives et des technologies de l'information que se manifestent les échanges d'idées.

Les grandes structures des programmes de formation en archivistique nous étant maintenant connues, nous tenterons de faire le détail de la nomenclature des matières que ces programmes abordent. Pour ce faire, notre seule ressource consiste en la documentation fournie par les institutions dont nous avons déjà établi les limites à la section précédente. À cette étape-ci, il faut émettre des réserves supplémentaires. Notre identification des matières s'est opérée le plus souvent sur le seul intitulé des activités lequel est parfois imprécis ou sujet à interprétation. Il s'agit donc ici d'un portrait général indicatif et non pas d'un inventaire exhaustif.

À travers la documentation reçue, nous avons recensé 579 cours lesquels ont d'abord été classés selon le savoir disciplinaire approprié. Puis, pour chacun de ces savoirs, on a cherché à établir quelques données statistiques : proportion des programmes qui incluent ce savoir à leur corpus et échelonnement de la proportion du temps consacré à celui-ci. Ensuite, nous avons constitué la nomenclature des cours afin d'identifier quels sujets étaient précisément traités et, dans la mesure du possible, quelles approches étaient privilégiées. Nous décrivons ici les résultats de cet exercice en présentant les différents savoirs suivant leur ordre d'importance dans les programmes archivistiques.

Mais avant d'entrer dans le détail, le tableau suivant fournit un coup d'œil général sur l'ensemble des savoirs. Ces données seront reprises et commentées dans les sous-sections correspondantes au fur et à mesure du texte.

Tableau 48 Nombre de cours par savoir disciplinaire et proportion des programmes donnant cette formation (44 programmes documentés - 579 cours recensés)
Savoir disciplinaire Nombre de cours Proportion des programmes avec cette formation
Sujets archivistiques 288 95%
Sujets reliés aux sciences de l'information 92 68%
Sujets reliés à l'histoire 55 55%
Sujets reliés à l'informatique 43 66%
Sujets reliés aux sciences de la gestion 23 32%
Sujets autres 78 48%
Total 579  
4.2.1 Les matières en archivistique

Tous les programmes comportent évidemment des cours en archivistique à deux exceptions près (maîtrise de recherche à University College London et doctorat en sciences de l'information de l'Université de Montréal). Comme nous l'avons vu précédemment, la proportion moyenne du temps consacré aux matières archivistiques dans les programmes s'établit à 52% mais on se rappelle que, pour les programmes inscrits dans les départements d'histoire, celle-ci atteint 71%. Lorsqu'on examine cas par cas, cette proportion présente un échelonnement impressionnant et ce, indépendamment du département d'accueil; en excluant les valeurs extrêmes, les programmes consacrent entre 25% et 80% de leur temps d'enseignement à l'archivistique.

Les matières en archivistique " pure " à inscrire au programme font consensus depuis un bon moment bien que, dans la pratique, chaque institution détermine l'importance relative à accorder à chacune. De la revue de la littérature, nous avions tiré une liste des dix sujets les plus souvent recommandés par les auteurs. L'examen des 288 cours obligatoires relevés dans la documentation nous a obligés à quelques ajouts pour nous ajuster à la réalité.

Tableau 49 Matières en archivistique (n=288 cours)
Catégories de matières Matières Nombre de cours Total de la catégorie
Cours généraux archivistique fondamentale 33 91
gestion des archives définitives 32
gestion des archives courantes et intermédiaires 26
Fonctions archivistiques conservation-préservation 23.5 60
description 10.5
classification 8.5
évaluation 8
diffusion 7.5
acquisition 1.5
création .5
Étude du document paléographie 21.5 62
diplomatique 19.5
étude de types de documents 21
Autres matières législation et quest. juridiques 12 50
recherche archivistique 10
administration nationale 6
édition de sources historiques 6
supports spéciaux 5
autres matières 11
Intitulés imprécis 25
Total 288

La catégorie des cours généraux arrive au premier rang et l'on remarque une importance comparable accordée aux trois matières soit, les fondements mêmes de l'archivistique, la gestion des archives définitives et la gestion des archives courantes et intermédiaires.

La deuxième catégorie regroupe les cours relatifs aux différentes fonctions archivistiques. Ici, on constate une inégalité marquée d'intérêt entre les fonctions. Examinons d'abord la conservation-préservation, qui domine largement, en regard de la revue de la littérature.

Résumé de l'état de la question
La fonction conservation-préservation que se partagent plusieurs disciplines (archivistes, bibliothécaires, muséologues...) fait l'objet d'une littérature spécifique depuis quelques décennies. Deux approches complémentaires sont proposées : l'une, généraliste, favorise l'intégration du volet conservation-préservation dans tout programme en archivistique; l'autre, élitiste, vise plutôt une formation spécialisée dans ce seul champ. À ce jour, la première approche est largement appuyée dans le milieu strictement archivistique.

Les données de l'enquête permettent d'affirmer que l'approche généraliste est effectivement privilégiée dans la pratique et que ce volet de la formation archivistique est suffisamment pris en compte par bon nombre de programmes pour prendre la forme d'un cours spécialisé obligatoire. Les fonctions description, classification, évaluation et diffusion font également l'objet - quoique moins souvent - de cours spécialisés. Celles-ci sont parfois jumelées à l'intérieur d'un même cours, l'exemple le plus courant étant le couple classification - description. Enfin, on consacre très rarement un cours aux fonctions acquisition et création, et encore s'agit-il de cours à sujets jumelés.

La catégorie étude du document comprend la paléographie, la diplomatique et l'étude de type(s) de documents, lesquels sont d'égale importance. Par ailleurs, le nombre total de cours relevant de cette catégorie est comparable à celui dédié aux fonctions archivistiques. Quelquefois, paléographie et diplomatique sont réunies en un seul cours obligatoire. Sous la rubrique " étude de types de documents ", on retrouve essentiellement des cours voués à l'étude d'un type particulier d'archives (ex. : archives scientifiques et techniques, archives d'entreprises), quelques cours au spectre plus large (ex : documents institutionnels, archives ottomanes) et plus rarement des cours traitant de la typologie des archives ou documents.

Parmi les autres matières, seuls cinq sujets sont pris en compte par un nombre minimal de programmes (cinq et plus) : la législation et les questions juridiques, la recherche archivistique (littérature, sources et méthodes de recherche), l'administration nationale, l'édition de sources historiques et les supports spéciaux. D'autres matières ne font l'objet que d'une quantité négligeable de cours (moins de cinq). En règle générale, les programmes intégrant une de ces matières autres comptent un cursus de longue durée. Enfin, quelque 25 cours ont un intitulé trop imprécis pour qu'on puisse en déterminer la matière exacte.

En résumé. La majorité des programmes propose une formation en archivistique " pure " qui s'articule ainsi : un panorama complet des principes et pratiques de l'archivistique et une étude approfondie d'une ou deux fonctions - dont généralement la conservation-préservation. Puis, chacun complète cette base en s'attardant à l'un des objets ou questions propres à la discipline.

4.2.2 Les matières en sciences de l'information

Les deux tiers des programmes documentés (68%) comportent des cours obligatoires en sciences de l'information. Les programmes y consacrent un temps d'enseignement variable selon le département d'appartenance (bibliothéconomie et sciences de l'information (24%); archivistique et sciences de l'information (15%); archivistique autonome (10%)). À une exception près, les programmes inscrits dans des départements d'histoire ne dispensent pas de formation en sciences de l'information.

La majorité de ces programmes compte un ou deux cours en sciences de l'information mais la proportion du temps consacré à cet enseignement varie beaucoup d'un programme (de 3% à 50%) avec même un cas d'exception qui frôle les 60% (Licence en bibliothéconomie et documentation, Université de Salamanca, Espagne).

Le contenu des cours est très varié comme le démontre le tableau ci-dessous.

Tableau 50 Matières en sciences de l'information (n=92 cours)
Catégories de matières Matières Nombre de cours Total de la catégorie
Traitement de l'information Introduction générale 6 27
Classification et indexation 11
Repérage de l'information 7
Analyse de l'information 3
Bases théoriques Sciences de l'information 8 21
Bibliothéconomie (seul ou associé) 8
Théorie de la documentation 4
Autres 1
Autres matières Institutions documentaires 8 44
Produits documentaires 7
Systèmes d'information 6
Ressources en information 6
Gestion de l'information 5
Référence 3
Recherche et littérature 3
Autres 6
Total     92

Les cours abordant le traitement de l'information sont les plus fréquents, les uns voulant donner un aperçu d'ensemble, les autres s'appliquant à l'une des opérations du processus : Introduction au traitement de l'information, Indexation manuelle et automatique, Système de repérage d'information. Lorsque le programme comporte un nombre plus élevé de cours que la moyenne, ce sont généralement ces dernières matières qu'on privilégie.

Les cours dédiés aux fondements théoriques viennent au deuxième rang et, selon l'orientation des départements d'accueil, on s'intéresse plus particulièrement à l'une des disciplines du vaste domaine de l'information : Introduction aux sciences de l'information, Bibliothéconomie, Sciences documentaires. Parfois, c'est l'objet même de ces disciplines qu'on aborde sur le plan théorique : Introduction à la théorie de l'information, Théorie documentaire.

Ces deux catégories de matières regroupent à elles seules près de la moitié des cours en sciences de l'information, l'autre moitié se faisant très diversifiée et touchant une dizaine de sujets. Les institutions et produits documentaires, les systèmes et ressources en information ainsi que la gestion de l'information sont les sujets les plus courants que des cours, aux libellés variés, abordent : Bibliothèques, musées et centres documentaires, Bibliographie, Fondements des systèmes d'information, Sources et ressources en information, Gestion de l'information documentaire. Plus rarement, les aspects référence ou recherche sont traités. Enfin, dans les programmes où le volet sciences de l'information est plus développé, on note l'inscription de cours de nature multidisciplinaire tels Droit de l'information et Sociologie de l'information.

En résumé. Les sciences de l'information sont abordées le plus souvent sous un angle pratique, s'attachant tantôt à un processus particulier du traitement de l'information, tantôt à un objet d'étude spécifique telles les institutions et ressources du milieu. L'aspect théorique est plus rarement inscrit au programme et il est alors déterminé par l'orientation des départements d'accueil.

4.2.3 Les matières en histoire
Résumé de l'état de la question
On constate que la portion histoire rétrécit constamment dans les programmes d'études archivistiques alors que le rôle du contenu et des compétences historiques dans la formation en archivistique fait toujours l'objet de questionnements. On en vient à un certain consensus quant aux objets dont les cours devront retracer l'histoire : archives, documents, gestion des documents, institutions publiques, administrations publiques, technologies de l'information et profession d'archiviste. Outre ces sujets historiques spécifiques à l'archivistique, on maintient l'importance de connaissances de base en histoire nationale, d'une bonne compréhension de l'historiographie et d'une compétence minimale avec les méthodes de recherche historique.

Un peu plus de la moitié des programmes documentés (55%) comportent des cours obligatoires en histoire. Comme il fallait le prévoir, les programmes avec formation en histoire sont plus ou moins fréquents selon le département d'accueil (en ordre décroissant : histoire, archivistique autonome, archivistique et sciences de l'information et, en fin de liste, bibliothéconomie et sciences de l'information). En moyenne, on compte un ou deux cours qui occupent, grosso modo, entre 5% et 30% du temps d'enseignement. Le programme de maîtrise de l'Université Comenius de Bratislava fait exception avec un enseignement en histoire qui compte pour moitié de son curriculum.

Le contenu des cours se rapproche de ce que la littérature suggère, soit une histoire " sur mesure " pour archiviste. Le tableau qui suit établit la nomenclature des cours. Afin de ne pas biaiser le portrait d'ensemble, les cours de l'université slovaque n'ont pas été comptabilisés.

Tableau 51 Matières en histoire (n=55 cours)
Matières Nombre de cours
Histoire nationale 13
Histoire de l'administration 11
Histoire des documents 8
Histoire des institutions 7
Méthodes de recherches historiques et sources 6
Histoire générale 2
Historiographie 2
Autres 3
Imprécis 3
Total 55

Les cours d'histoire nationale sont les plus fréquents. Certains cours transmettent des connaissances générales sur l'histoire du pays tels Histoire chinoise moderne et contemporaine ou Histoire ottomane. D'autres s'attardent à un aspect spécifique comme Histoire du développement économique, Histoire sociale du Brésil, Histoire des systèmes politiques chinois ou Histoire industrielle du 14e au 19e siècle. Plus rarement, on privilégie une approche territoriale (Histoire des régions polonaises, Histoire locale et de la communauté) ou un sujet spécialisé (Histoire de la législation foncière).

L'histoire de l'administration est presque aussi populaire que l'histoire nationale. Mais ici, les titres sont souvent succincts et peu parlants : ils se résument à Histoire administrative. À l'occasion, ils se font un peu plus révélateurs : Histoire administrative républicaine, Histoire des systèmes administratifs, Histoire de l'administration publique.

Les trois matières suivantes obtiennent des occurrences comparables et bien moindres que les matières déjà citées. L'histoire des documents présente un éventail hétéroclite de matières (Histoire des archives étrangères et de la profession d'archiviste, Histoire du savoir et des documents) alors que l'histoire des institutions rassemble un ensemble plus homogène (Histoire des institutions hispano-américaines, Histoire des institutions médiévales et modernes). Les méthodes de recherches historiques et l'étude des sources sont également au programme dans quelques universités (Introduction à l'histoire et à ses techniques d'études, L'histoire orale comme source).

Plus rarement, l'enseignement aborde l'histoire générale, l'historiographie ou des sujets plus spécifiques (Courants de l'histoire et de la pensée, Généalogie, archéologie et monuments historiques).

En résumé. On constate que presque tous les objets d'études proposés par les tenants d'une histoire " sur mesure " sont effectivement inscrits dans l'un ou l'autre des programmes offrant une formation en histoire. La définition du savoir historique essentiel aux archivistes connaît donc des progrès.

4.2.4 Les matières en informatique
Résumé de l'état de la question
Au tournant des années 1990, l'importance d'une formation en technologies fait l'unanimité des milieux archivistiques et celle-ci fait alors une entrée significative dans la formation initiale en archivistique de niveau universitaire. Plusieurs archivistes ont tenté d'élaborer des curriculum en automatisation de la gestion des archives et en gestion des documents électroniques. L'objectif premier devra être de donner les qualifications dont le futur diplômé aura besoin pour remplir ses fonctions d'archiviste. La technologie est donc ici un moyen et non une fin, restant ainsi subordonnée à l'archivistique. L'identification des connaissances qui formeraient un savoir de base essentiel à tout archiviste professionnel varie d'un auteur à l'autre. Les dernières propositions s'entendent pour l'articulation du savoir à transmettre en trois modules principaux : connaissances de base, documents électroniques et applications automatisées.

Les deux tiers des programmes documentés (66%) comportent des cours en informatique et la proportion du temps qu'on consacre à cette matière varie peu selon le type de département d'accueil (de 9% pour les départements en sciences de l'information à 6% pour les départements d'histoire). En moyenne, on compte un seul cours par programme qui, selon l'étendue du corpus, occupe, grosso modo, de 5% à 25% du temps d'enseignement. Fait exception le programme en science archivistique de l'Université d'Ankara dont 6 des 41 cours obligatoires (15%) traitent d'informatique.

Comme il n'y a, le plus souvent, qu'un seul cours en informatique dans le cursus, les intitulés restent généraux, voire vagues. Néanmoins, nous en avons établi la nomenclature suivante.

Tableau 52 Matières en informatique (n=43 cours)
Matières Nombre de cours Total
Applications informatiques archivistiques Technologies de l'information et archivistique 10 21
Automatisation des archives 7
Informatique et archivistique 4
Applications informatiques non spécifiquement archivistiques 12
Introduction à l'informatique 10
Total 43

Au premier rang, on retrouve les cours traitant des applications informatiques en archivistique. Les technologies de l'information sont les plus couramment inscrites aux programmes (Gestion de l'information et technologie, Archivistique et technologie) suivies des cours traitant de l'automatisation des archives (Principes et techniques de l'automatisation des archives, " Software " pour la gestion des archives). Quelques cours, aux libellés imprécis, semblent s'inscrire également dans cette même catégorie (Informatique pour archiviste).

Au deuxième rang, on retrouve une autre série de cours traitant d'applications informatiques dans des domaines, cette fois non spécifiquement archivistiques, tels Informatique documentaire, Base de données, Systèmes de bureautique et Communication par ordinateur. Toutefois, ce type de cours apparaît rarement seul dans un programme; il vient généralement s'ajouter en supplément à un cours axé sur l'archivistique ou à un cours d'introduction générale à l'informatique.

Enfin, on compte également un certain nombre de cours d'introduction à l'informatique. Ceux-ci abordent le sujet sous des angles diversifiés : Introduction aux ordinateurs, Introduction à l'automatisation, Fondements de l'informatique et leur libellé permet difficilement d'en saisir la teneur exacte.

En résumé. L'informatique est généralement abordée sous l'angle de ses applications en archivistique, l'objectif étant essentiellement de maîtriser celles-ci. Plus rarement, on aborde des applications non liées directement à l'archivistique ou encore on ajoute au programme des cours d'introduction générale à la science informatique.

4.2.5 Les matières en sciences de la gestion
Résumé de l'état de la question
La gestion des services d'archives est une autre matière à laquelle se sont intéressés plus particulièrement les formateurs en archivistique. Un certain consensus s'établit autour de sujets incontournables tels que l'organisation et la gestion d'un service, les méthodes et techniques courantes de gestion, les politiques d'information et l'approche marketing.

Aussi peu que le tiers des programmes documentés (32%) comporte des cours obligatoires en gestion. Il s'agit ici essentiellement de programmes offerts par des départements d'archivistique autonomes et des départements associant archivistique et sciences de l'information. On compte généralement un seul cours par programme, lequel représente grosso modo 10% à 15% du temps d'enseignement. L'un des cinq programmes en archivistique de l'université New South Wales (Sydney, Australie) fait exception avec quatre cours de gestion : il s'agit d'une maîtrise en commerce (option gestion des archives et des documents) privilégiant résolument la perspective administrative de la pratique archivistique.

Avec un seul cours au programme, on devine que celui-ci garde une teneur générale (Introduction à l'administration; Études en gestion; Gestion d'un service d'information). À même ce cours unique, ou parfois sous forme de cours complémentaire, on s'attache à un aspect particulier de la gestion (Gestion du personnel, Relations publiques), ou encore, on aborde une problématique plus large (Pratique administrative et droit de la gestion, Économie des affaires).

En résumé. Malgré les recommandations relevées dans la revue de la littérature, peu de programmes inscrivent les sciences de la gestion à titre de cours obligatoire. Le cas échéant, on se limite à un seul cours transmettant les rudiments de la gestion de service. Occasionnellement, un deuxième cours aborde un aspect particulier de celle-ci ou, à l'inverse, inscrit cette dernière dans une problématique plus large.

4.2.6 Les autres matières

Nous avons regroupé ici tous les cours que nous ne pouvions inscrire dans l'une des grandes catégories précédentes et qui ne sont associés que de loin à la discipline archivistique.

Près de la moitié des programmes documentés (48%) comportent un ou plusieurs de ces cours. On note que la catégorie des programmes inscrits dans des départements autonomes d'archivistique y a plus souvent recours que les autres types de programmes (18% versus 12% à 7%). Les cursus longs (3 ans ou plus) en comportent généralement une proportion plus élevée que la moyenne des programmes.

De par sa nature même, cette catégorie de cours aborde une diversité de matières que nous avons tenté de regrouper selon la nomenclature qui suit.

Tableau 53 Autres matières (n=78 cours)
Nature des catégories Catégories de matières Nombre de cours Total de la catégorie
Langues Langues modernes 19 34
Langues anciennes 15
Sciences et techniques contributives Connaissances théoriques 10 19
Connaissances techniques 9
Outils de base Rédaction et écriture 6 16
Méthodes de recherche 5
Statistiques 5
Culture générale 5
Imprécis 4
Total 78

Les langues sont de loin les matières privilégiées. Au niveau des langues modernes, on laisse le plus souvent libre choix (Langues étrangères, Allemand ou anglais); dans certains pays non anglophones (Brésil, Turquie), l'anglais est imposé. Au niveau des langues anciennes, le latin et le latin médiéval sont les plus souvent cités. Les autres langues sont l'allemand médiéval, le turc ottoman et le grec médiéval. Les pays faisant appel à ces dernières connaissances se résument à la France, l'Italie, le Royaume-Uni, la Slovaquie et la Turquie.

Une catégorie de cours relève de sciences ou techniques non directement associées à l'archivistique mais qu'on pourrait qualifier de contributives. Certains cours abordent ainsi l'aspect théorique de ces sciences : Droit, Introduction aux sciences économiques, Introduction à la communication. D'autres sont plutôt axés sur la maîtrise de techniques diverses : Microphotographie et reprographie, Introduction au design de bâtiment.

Une troisième catégorie de cours permet en fait de développer des compétences générales utiles à l'exercice de toute profession. Elle comprend des cours de rédaction et écriture (Écriture appliquée, Techniques de communication (audiovisuelle et écrite)), des cours sur les méthodes de recherche ou encore des cours de statistiques. Dans ces deux derniers cas, l'intitulé du cours est générique et laisse supposer qu'il s'agit d'un cours général d'introduction.

Enfin, on compte quelques rares cours visant à développer la culture générale tels Humanités et Philosophie et un nombre minime de cours à l'intitulé imprécis.

En résumé. La moitié des programmes complète leur plan d'études par l'inscription de matières indirectement liées à la pratique de l'archivistique mais qu'on juge nécessaires en raison de spécificités nationales ou d'orientation professionnelle privilégiée. Les cours de langues sont de loin les plus fréquents. On retrouve également des cours liés à quelque science ou technique contributive de l'archivistique et des cours de formation générale préparant spécifiquement à l'exercice d'une profession.

4.3 Les stages

Résumé de l'état de la question
Pour la majorité des auteurs, la formule du stage constitue l'activité de formation pratique possédant la plus grande valeur de formation. Une fois l'importance - voire la nécessité - du stage admise, peu d'entre eux s'aventurent plus avant sur le sujet et force nous est de constater que les opinions sur les modes d'inscription du stage au curriculum et sur ses modalités d'évaluation sont fort variables.

Les données recueillies par l'enquête viennent corroborer, jusqu'à un certain point, les constats tirés de la revue de la littérature.

Tableau 54 Inscription de stage(s) au curriculum (n=70 programmes)
Mode d'inscription au curriculum Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Stage(s) obligatoire(s) seulement 32 46%
Stage(s) facultatif(s) seulement 7 10%
Stage(s) obligatoire(s) et facultatif(s) 9 13%
Aucun stage 22 31%
Total 70 100%

Une forte majorité de programmes (69%) imposent ou proposent des stages dans leur curriculum et l'on remarque que la formule du stage obligatoire est étendue à près de 60% des programmes. Cependant, si l'on examine de plus près ces données en tenant compte du niveau du programme, le tableau n'est plus du tout le même.

Tableau 55 Programmes avec stage(s) obligatoire(s) par niveau (n=70 répondants)
Niveau du programme Avec stages obligatoires Nombre total des programmes Pourcentage des programmes
Premier cycle 16 20 80%
Deuxième cycle 11 28 39%
Troisième cycle 3 10 30%
Autre 11 12 92%
Total 41 70 59%

Dans les cycles universitaires conventionnels, on constate que le stage obligatoire est pratiquement de règle au premier cycle mais qu'au deuxième et au troisième cycles, on l'inscrit de moins en moins souvent. En revanche, les programmes hors circuit universitaire font un usage presque systématique du stage obligatoire; citons pour exemple l'École d'archivistique de Marburg et l'École nationale du patrimoine de Paris.

L'importance du stage est donc bien reconnue dans le milieu, à tout le moins, au premier cycle. Voyons maintenant ce qu'il en est du nombre de stages obligatoires.

Tableau 56 Nombre de stages obligatoires (n=37 programmes)
Nombre de stages Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Un seul 21 56%
Deux 7 19%
Trois 7 19%
Quatre 1 3%
Douze 1 3%
Total 37 100%

Pour un peu plus de la moitié des programmes avec stage obligatoire, on se limite à un seul stage, les autres programmes en comptant de deux à quatre. L'Université de Sofia fait exception avec ses douze stages obligatoires. Statistiquement, les programmes avec stage obligatoire en comportent donc deux en moyenne.

Tableau 57 Nombre de stages facultatifs (n=10 programmes)
Nombre de stages Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Un seul 6 60%
Deux 1 10%
Trois 3 30%
Total 10 100%

L'offre quantitative de stages facultatifs est similaire à celle des stages obligatoires : une majorité de stage unique complétée de programmes offrant deux ou trois stages. Ici aussi, la moyenne est de deux stages par programme.

Mais plus encore que le nombre, c'est la durée du stage qui permet de cerner l'importance du stage dans le curriculum. Pour arriver à dresser les tableaux qui suivent, nous avons normalisé les données à partir de certaines conventions (1 journée = 7 heures, 1 semaine= 35 heures, 1 mois=154 heures). Lorsque multiples, les durées des stages ont été additionnées. Malgré les inévitables erreurs d'interprétation, nous croyons que le portrait d'ensemble qui s'en dégage est valable.

Tableau 58 Durée moyenne des stages obligatoires par niveau de programme (n=38 répondants)*
Niveau du programme Nombre d'heures
Premier cycle 495
Deuxième cycle 241
Troisième cycle 539
Autres 787
Moyenne de l'ensemble 509

* Trois programmes avec stage obligatoire n'ont pas fourni de données quant à leur durée.

À la lecture de ce premier tableau, on constate d'abord des écarts importants entre les pratiques des différents niveaux d'études tant et si bien que la moyenne calculée sur l'ensemble des programmes est peu significative. Le très large éventail de réponse, de deux jours à dix-huit mois (14 à 2,772 heures), fait également craindre que certaines données, par leur poids, viennent fausser la perception. Aussi, sommes-nous allés au-delà de ce premier constat.

Tableau 59 Durée des stage(s) obligatoire(s) par niveau de programme (n=38 répondants)
Niveau du programme moins de 1 mois de 1 mois à 2mois excl. de 2 mois à 3 mois excl. de 3 mois à 4 mois incl. de 6 à 8 mois de 12 à 18 mois
Premier cycle 2 7 2 1 2 1
Deuxième cycle 5 2 1 2    
Troisième cycle       3    
Autres 3   2 1 2 2
Total 10 9 5 7 4 3

Dans un premier temps, on constate qu'au premier cycle, où le stage obligatoire est pratique courante (80% des programmes), celui-ci est généralement d'une durée oscillant entre un et deux mois. Au deuxième cycle, où il n'est obligatoire que dans 40% des programmes, la durée est généralement plus courte (moins d'un mois) alors qu'au troisième cycle, où il est peu souvent inscrit au curriculum, le stage se fait plus consistant (de 3 à 4 mois). Quant aux programmes de niveau non-conventionnel, on y retrouve un peu de tout en termes de durée de stage. Les stages de longue durée (plus de 6 mois) sont surtout le fait d'écoles indépendantes, inscrites ou non dans le réseau universitaire, tels le Bavarian Archive School de Munich, l'Archiefschool de La Haye ou l'École nationale du patrimoine de Paris.

En résumé. On constate que les programmes qui ont intégré la pratique du stage le font avec conviction : statut obligatoire, moyenne de deux stages, durée appréciable, évaluation généralisée. Cette particularité est encore plus marquée dans les programmes de premier cycle et les écoles non-universitaires. Il y aurait donc deux tendances extrêmes : les programmes où le stage constitue une dimension importante et les programmes n'offrant tout simplement pas de stage.

4.4 Les activités de recherche

Résumé de l'état de la question
La question de l'inscription d'activités de recherche dans un programme d'études en archivistique suscite un débat dans la seule littérature nord-américaine. Plusieurs auteurs y défendent l'idée que les programmes d'études doivent comporter une orientation sur la recherche qui se concrétise traditionnellement par la réalisation d'un mémoire ou d'une thèse. Cependant, dans la pratique, on fait état de plusieurs difficultés dont la faiblesse méthodologique des travaux, l'incompétence en archivistique des professeurs non issus de cette discipline, le haut taux d'abandon et l'absence de lien entre les sujets et la pratique professionnelle.

Si la question des activités de recherche est peu discutée dans la littérature - hormis en Amérique du Nord -, c'est qu'il y a consensus sur l'inscription de ces activités dans les programmes de tous niveaux. En effet, 87% des programmes de formation (n=95) comportent de telles activités qui peuvent prendre plusieurs formes.

Tableau 60 Forme des activités de recherche des étudiants (n=95 programmes)
Forme des activités de recherche Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Rapport de recherche 57 60%
Séminaire de recherche 54 57%
Cours de méthodologie 50 53%
Mémoire de maîtrise 34 36%
Thèse de doctorat 19 20%
Autres 19 20%

Précisons d'abord que la majorité des programmes combine des activités de deux ou trois formes différentes. Les pratiques les plus courantes sont le rapport de recherche, le séminaire de recherche et le cours de méthodologie. Les deux formes suivantes (mémoire et thèse) sont d'usage plus restreint puisqu'elles ne s'appliquent, en principe, qu'à des programmes d'un niveau défini. Cependant, les résultats de notre enquête comportent quelques incongruités dues probablement à des problèmes d'interprétation. Ainsi, des mémoires sont préparés dans 24 des programmes de deuxième cycle (sur un total de 40 répondants à la présente question) ainsi que dans une dizaine de programmes de niveaux variés. De la même façon, des thèses sont réalisées dans 8 des programmes de troisième cycle (sur un total de 13 répondants à la présente question) ainsi que dans 11 autres programmes. On retiendra donc essentiellement que des travaux de recherche d'une certaine envergure sont exigés dans la majorité des programmes de deuxième et troisième cycles, dans un certain nombre de programmes de niveau non conventionnel et rarement au niveau du premier cycle. Enfin, quelques programmes font également état d'activités de recherche autres très diversifiées, telles la préparation de catalogues, la réalisation d'instruments de recherche ou la rédaction de dissertations.

L'importance relative que les activités de recherche occupent dans les programmes de formation n'a pu être établie par le biais du questionnaire. À la question " Nombre d'heures prévues pour les activités de recherche ", les répondants se sont faits rares et plusieurs d'entre eux ont indiqué qu'il était difficile d'indiquer un nombre d'heures, celui-ci s'avérant trop variable d'un étudiant à l'autre. À partir de la trentaine de réponses exactes reçues, tout juste pouvons-nous déduire que les activités de recherche comptent pour cinquante heures et moins au premier cycle et pour 400 à 800 heures au deuxième cycle.

Préoccupée non seulement par la formation mais également par la recherche en archivistique, notre enquête a cherché à connaître le rayonnement de la recherche réalisée par des étudiants dans le cadre des programmes de formation.

Tableau 61 Moyens de diffusion des travaux produits dans le cadre des activités (n=92 programmes)
Moyens de diffusion Nombre de programmes Pourcentage des programmes
Rapport interne à l'université 53 57%
Communication (ex : colloques) 47 51%
Article dans des périodiques spécialisés 47 51%
Rapport déposé dans une institution archivistique 27 29%
Monographie 21 23%
Autres 12 13%

Le moyen de diffusion le plus courant consiste en un rapport interne dont le rayonnement ne dépasse pas les limites de l'institution universitaire. Mais outre ce premier acquis, la plupart des programmes encouragent la production de travaux qui accèdent au milieu professionnel par voie de communication orale ou encore d'articles de périodiques. Plus rarement, ceux-ci sont déposés dans une institution archivistique ou encore deviendront monographies. Seulement quatre programmes font état de diffusion électronique (site web, périodique électronique).

En résumé. L'inscription d'activités de recherche dans les programmes de formation est pratique généralisée et celles-ci prennent des formes variées. D'importance plus limitée au premier cycle, la recherche donne lieu à des travaux d'envergure aux cycles supérieurs. Enfin, une bonne moitié des travaux produits dans ces activités jouissent d'une diffusion qui déborde assez souvent le strict cadre universitaire.


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Dernière mise à jour : 11 janvier 2000