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Ma recherche européenne a plusieurs volets. Principalement, j'analyse la façon dont les représentations de Rome sont utilisées pour définir la culture de privilège.

Il y a plusieurs visions de Rome, dont Rome-patrie et Rome-capitale. La première se base sur l’idée que la communauté partage un ensemble complexe de valeurs qui définissent la civiltà, les arts de la vie civilisée. Par contre, Rome est aussi la capitale de l’Italie communauté politique méprisée par les citoyens pour ses politiques indifférentes et oppressives. L’ancienne bourgeoisie de Rome dont le statut et l’identité s’attachaient au Vatican a été éloignée du pouvoir «national»; donc, ils prétendent incarner les valeurs de la patrie.

En contraste, le petit peuple de Rome, le popolo, a été transformé par les idéologues du gouvernement national en protagonistes mythifiés de la résistance à l'Ancien Régime papal. Ne se fiant pas de la haute bourgeoisie « papale » et craignant la syndicalisation du prolétariat, les politiciens du nouveau régime (après 1870) n’ont jamais créé une vraie infrastructure industrielle et financière.

Le résultat est un mariage bizarre de la bourgeoisie et le peuple uni pour toujours dans une lutte pour le pouvoir symbolique: qui contrôlera l'accès aux mythes de Rome?

 

J'ai également analysé les dynamiques démographiques historiques et contemporaines d’un village des Abruzzes. Les résultats ne sont pas publiés, mais les conclusions générales sont néanmoins intéressantes.

Contrairement aux descriptions standardisées des sociétés paysannes, mes donnés démontrent, que :
1) les femmes, qui dans cette région peuvent hériter des terres, ont tendance à différer le mariage le plus longtemps possible, car dans le contexte patriarcal local le mari assumerait la gestion du patrimoine familial.
2) Les femmes ont des stratégies de mariage assez différentes de celles des hommes. Les hommes, en contraste aux femmes, peuvent hériter un cheptel et se transformer en bergers. Ces sans terres sont donc condamnés à une vie assez solitaire, sans possibilité de fonder une famille, au moins d’épouser une femme propriétaire. Chose rare, car pourquoi une femme accepterait-elle un tel mari? Les femmes désireuses de conserver intacte leur autonomie ont donc tendance à chercher des hommes mieux nantis; forcément, elles sont plus aptes à émigrer à de villages plus riches (est-ce surprenant que le mariage-rapt était assez répandu avant la 2e Guerre mondiale?).
3) Ceci conditionne un autre trait inattendu: les hommes poussés à émigrer par la pauvreté vont à l'étranger, mais les femmes restent dans la région si elles trouvent de maris riches dans des villages de la zone.

 

Ma recherche antérieure sur les Sekani, un groupe athapascan de Colombie-Britannique septentrionale, analysait les processus politiques qui définissent la communauté et l'individualité.

Comme plusieurs peuples chasseurs semi-nomades, les Sekani n'ont pas d’histoire ni d'idéologie dans notre sens du mot, et donc doivent construire le présent et ses structures par d’autres moyens. Ils parlent plutôt d'un monde invisible, une dimension qui serait la source du pouvoir individuel des chasseurs. Celui-ci est véhiculé par des animaux tutélaires qui, parfois, transmettent leur pouvoir à certains individus symboliquement (et temporairement) transformés en gibier pour inciter les animaux à les «chasser».

Ma recherche démontre que le silence qui entoure le contact avec la dimension invisible est à la base de la communauté visible et «bruyante».

Actuellement, je continue à m’intéresser dans le statut du Soi et surtout l’imaginaire néo-cosmopolite dans le monde contemporain. En fait, ma recherche s'est toujours concentrée sur l'imaginaire comme l'espace où chaque individu crée sa communauté.